Il est âgé, érudit, et il rencontre ce jeune garçon venu de nulle part qui semble vivre dans la rue. C'est le coup de foudre entre eux deux.
Elle joue encore au théâtre malgré son âge avancé et elle rencontre ce jeune dépenaillé qui se drogue dans les ruelles. C'est le coup de foudre entre eux deux.
Par divers subterfuges, le personnage commun aux deux autres plus âgés les fera se rencontrer, eux qui ne se connaissaient pas. Ce sera le coup de foudre entre eux deux. Et nous voici transporté dans un univers romantique où la fiction est telle qu'on la dirait refléter des fantasmes. Je m'explique.
Le personnage principal du jeune entremetteur vit plus ou moins dans la rue. Victime d'un lourd passé qu'on découvrira au fil de l'histoire, il vit de criminalité et de prostitution, mais cite par coeur des pans entiers d'ouvrages de poésie, écrit aussi bien que ceux qu'il cite et dessine avec un talent inouï. On pense immanquablement au fameux personnage de la Bête de David Goudreault, mais en beaucoup plus romantique, justement, un genre de chevalier noir de notre époque, à qui deux autres personnages, des enfants que les circonstances feront s'attacher à lui, donneront un surnom tiré d'un roman russe qu'il leur aura raconté. Beau, brillant mais brisé, on le croira presque sorti d'un livre de Stendhal.
La rencontre qu'il provoquera entre les deux personnages âgés se fera aussi facilement que tout ce qu'on a pu imaginer dans nos pires moments de solitude, avec des mots tendres et un coup de foudre instantané. Si on ajoute le facteur âge, on a là un genre de scénario parfait de rencontre amoureuse pour de belles perspectives de fin de vie.
Ces personnages fantasmés vivront toutefois ensemble un événement tragique qui sera prétexte à revenir sur le passé trouble de celui qui les a réuni, et le livre se terminera même avec une scène qui vous surprendra parce qu'empruntée à une autre époque, pas si lointaine, où une épidémie a été le prétexte à combien de récits tragiques parce que vrais.
Or ici, on est dans la pure fiction. Bien sur, c'est gros, mais l'écriture douce de Robert Lalonde rend tout ça très digeste. ON dirait de la naïveté, mais il me semble être bien condescendant en affirmant ça. Lalonde n'est pas un naïf, j'en suis convaincu. J'en ai pour preuve le très beau récit de la vie de sa mère que j'ai lu il n'y a pas si longtemps. Pourtant, c'est un peu ce qu'on ressent en lisant ce Poignard dans un mouchoir de soie, comme si l'auteur avait décidé de se laisser aller totalement, en se foutant de ce que les gens penseront de ses personnages bons, tragiques et intenses.
Il a raison parce que le trait commun à tous est l'amour, un amour si pur qu'il nous semble naïf, presque trop facile. Et si c'était juste ça, l'amour: des personages bons dans des situations tragiques mais avec des sentiments vrais. Juste pour cette question qui reste en suspens, ce livre mérite d'être découvert. Mais vous serez avertis, il faut aimer la fiction, la fiction totale, celle tout juste avant les contes, dont on se dit que bon, oui, une histoire comme celle-à, peut-être que ça aurait pu arriver, finalement.
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