mardi 9 janvier 2024

Dessine bandé, par Alex Lévesque, éditions Nouvelle adresse

Rire, seul, en lisant une bande dessinée, comme on rit intensément mais sans faire trop de bruit, comme lorsqu'une personne de notre entourage nous glisse une grosse blague vraiment niaiseuse à l'oreille: c'est bon. Voilà mon 75% de lecture de Dessine bandé d'Alex Lévesque. L'autre 25%, je ne l'ai juste pas compris, pour x, y ou z raison, et c'est pas grave.

L'important, avec une bande dessinée, c'est qu'on ne s'ennuie pas ou mieux, qu'elle ne nous laisse pas indifférent. Mission accomplie avec ce petit recueil juste assez long pour se rouler dedans avec délices et juste assez court pour en garder un bon souvenir. Si on ajoute mon désir de relire certaines blagues une fois le livre terminé, on confirme que je suis dans le public cible, même si je ne connaissais pas le site Instagram qui a inspiré ce livre.

Absurde à la puissance 10, l'humour de Lévesque tiens beaucoup aux mots, et les expressions sont le plus souvent tirés de la langue parlée québécoise. Le lecteur européen cemprendra la plupart, mais celui qui connaît peu le contexte social du côté de la planète où vit Alex Lévesque pourrait se perdre un peu.

Quant au dessin, il est juste assez minimal à mon goût. Le peu de détails contenu dans chaque case laisse toute la place à l'imagination et souvent, j'ai encore plus ri de l'attitude d'un personnage silencieux que de celui qui parle.

Belle découverte qui mérite un beau succès... et une suite, bien entendu!

mercredi 3 janvier 2024

Éden, par Ava Audur Olafsdottir, éditions Zulma

Ava Audur reste fidèle à elle-meme en nous offrant une histoire où elle nous parle du meilleur de l'humanité et de la nature, en nous faisant réfléchir sur les travers qui pourraient abimer les deux.

Une spéciaiste de la langue islandaise décide d'acquérir une maison à la campagne. Ce retour à la terre d'un col blanc n'a rien d'original en soi, mais l'autrice campe son roman dans la campagne islandaise actuelle, où des arbres poussent... alors que ce n'était pas le cas il n'y a pas si longtemps: premi;ere originalité. On verra comment son désir de planter des arbres de matérialisera.

Mais il faudra aussi voir avec qui: deuxièeme originalité. Lors de son installation, elle fait la rencontre d'ouvriers d'origine étrangère récemments installés sur cette nouvelle terre où langue et environnement pèsent lourd dans la décision de rester ou pas.

Il est donc question d'enracinnement, tant au sens propre qu'au sens figuré, et franchement, le parralèle est génialement raconté. Chez Ava Audur, il y a beaucoup de beauté, tant dans ce qui entoure les personnages que chez les personnages eux-mêmes. Tout paraît vulnérable, fragile, tant les arbres, la rivière que les êtres, les nouveaux autant que les "natifs". Tous agissent plus ou moins consciemment pour se faire aimer. Chez cette autrice sensible, la course au bonheur se fait à petits pas. La violence fait partie d'un passé très proche, un passé qu'on veut oublier. C'est, il me semble, une façon fort particulière d'aborder cette bonne vieille violence qui mène tant d'histoires, tant écrites que filmées. Dans Éden, c'est parce que la violence a existé qu'on veut maintenant l'éliminer.

Les références à la langue islandaise pourraient être lourdes, mais elles sont brillamment menées par une traduction parfaite, qui laisse place aux mots d'origine là où il le faut. On a même parfois l'impression d'apprendre des mots en même temps qu'un des personnages. Un énième bravo pour le traducteur Éric Boury.

Belle, très belle lecture que cet Éden, parce qu'actuelle, riche d'images, de mots et d'expressions savoureuses mais aussi d'un espoir rendu trop rare, un espoir possible, sans licornes et très humain. Eh que ça fait du bien.

Chaleureusement recommandé.