dimanche 2 octobre 2022

Plaisirs (non) coupables, par Chilly Gonzales, éditions Édito

Avec le prétexte de parler d'Enya, l'artiste des années 80 qu'il décrit comme son "plaisir non coupable", Chilly Gonzales trouve une occasion de parler de lui, de son art et de ce qu'il en pense. Quand un artiste talentueux nous parle de ce qu'il fait, je suis d'accord et j'endosse tous les prétextes, aussi gros soient-ils.

Ce court livre nous révèle un geek de musique rendu à un moment de sa carrière ou la décomplexion, l'expérience et le talent reconnu entraînent l'élimination de tout filtre. C'est ainsi que le pianiste nous partage ses trips intenses comme ses dégouts en matière de musique, mais aussi d'attitude envers le showbiz, la célébrité, et le pouvoir de faire des choix. En ce seul sens, c'est fort divertissant, et ça le devient d'autant plus si on aime les interprétations de Chilly Gonzalez.

Cette courte incursion du pianiste surdoué dans le monde littéraire nous montre que s'il sait écrire, de tous ses talents, c'est la musique qui fait de lui un artise intéressant et aimé. Pas que c'est mal écrit, pas du tout. C'est juste pas aussi beau que ces albums que j'aime tant écouter lorsque, justement, je lis, ou que je veux ajouter un peu de soleil dans ma journée. La langue est bien, le ton fleuri, et les références musicales sont jouissives. Bonjour le jazz, la pop, les collaborations entre artistes. Pour qui aime la musique, ses propos sont excellents.

Quant aux références du soi-disant plaisir non coupable, qu'on me permette de supposer de l'ironie de la part d'un gars qui a décidé de prendre Chilly Gonzales comme nom d'artiste, et d'un mec d'orgine juive qui a fait un disque de Noël (ceci dit vraiment excellent).

D'un autre côté je ne me permettrai pas d'ironiser sur l'auteur des petits bijoux que sont Piano Solo I, II et III, et de bizarreries vraiment agréables comme Consumed in Key, réalisé avec Richie Hawtin, sous l'excellent label Turbo Recordings. À mon humble avis, Chilly Gonzalez est à l'origone du "nouveau classique" porté par les Ludovico Einaudi, Sofiane Pamart, Jean-Michel Blais et nombreux autres. En littérature, il ne partira pas de nouveau mouvement, mais là aussi, il saura attirer l'attention des amoureux de son art.

Si vous aimez le son, vous aimerez les mots.