lundi 20 août 2012

The Cello Suites, par Eric Siblin, éditions Anansi

L'accord musique et littérature est tentant. En fait, j'ai commencé ce blogue il y a quelques années avec cette idée d'amalgamer les deux. Il y a tant de livres que j'associe à une musique en particulier qu'il me semblait intéressant de partager mes "recettes". Or, le temps m'a démontré qu'il s'agissait d'une entreprise aussi périlleuse que prétentieuse. Comme partager ses goûts, dans un sens ou dans l'autre est une entreprise toujours trop rare (on voudrait que tous aiment les mêmes livres que nous, mais non... On voudrait que tous apprécient les mêmes musiques que nous, mais... non plus), je me suis attardé à ce que je connaissais le mieux: les livres.



N'empêche que l'idée de lire un livre qui réfère tant aux mots qu'aux notes me plaît. Si, dans un livre, un passage mentionne un air ou une pièce à l'occasion d'une certaine scène, alors l'ambiance me semble encore plus claire, plus complète.



Ici, Siblin nous fournit un essai sur de la musique, oui, mais aussi sur son auteur et sur un de ses interprètes, et pas n'importe lequel avec celui qui a "remis au goût du jour" les pièces en question.



Siblin, un chroniqueur de musique d'un quotidien montréalais, prends pour prétexte un coup de foudre pour l'interprétation des Suites pour violoncelle seul de J.S. Bach. Son écoute des pièces en question le mènera à en savoir l'histoire, donc jusqu'à Bach puis à Pablo Casals, le violoncelliste catalan qui a redécouvert ces pièces et dont le talent a fait de lui un prodige en son temps (il est mort dans les années 70 à plus de 90 ans).



Trois histoires se chevauchent donc, celle de Bach, celle de Casals et celle de Siblin qui, dans sa quête, ira jusqu'à apprendre le violoncelle et à voyager là où des originaux des manuscrits de Bach ont pu se trouver.
Je ne connaissais que peu de choses sur la vie de Bach. J'ai ai toujours apprécié la musique sans trop pouvoir comprendre le caractère génial que plusieurs lui accordent. Maintenant, je comprends mieux, mais aussi et surtout, j'ai totalement apprécié l'histoire de Casals, le musicien hors norme, nationaliste et farouche. Quelle vie incroyable, menée dans la superbe et aux détriments des attentes, des jugements. Sans attende qu'on le suive, Casals a mené ses causes d'une façon digne, emportée. Quel excellent travail de recherche de la part de l'auteur.



Bel ouvrage que celui d'Eric Siblin. À écouter avec ou sans Bach, il raconte à tout le moins de fort belles histoires et donne envie de pousser nos connaissances encore plus loin ce qui, à on sens, justifie amplement que je le vous recommande.



Lu dans sa version anglaise, le livre est maintenant disponible en français sous le titre Les suites pour violoncelle seul, aux éditions Fides.