dimanche 26 avril 2009

Paul à Québec, par Michel Rabagliati, Éditions La Pastèque


Une bande dessinée comme un roman, un objet qui devient un ami: j'en aurais trop à dire sur l'oeuvre de Rabagliati. Il y avait pourtant longtemps que j'avais lâché la bande dessinée lorsque j'ai découvert Paul, présenté par une amie libraire. Depuis, chaque apparition d'un nouvel album est prétexte à un grand bonheur.

Ce ne sont pas tant les dessins que les histoires de Rabagliati qui touchent. Tirées du quotidien d'un Québécois ordinaire, on pourrait qualifier les scénarios des planches de Rabagliati de "hyper-réalistes". Les aventures vécues par Paul sont communes, simples mais si vraies qu'elles en deviennent automatiquement sympatiques. Paul est un "soi" qui pense tout haut. Il va à l'épicerie, se bat avec des modes d'instructions, aime, observe. Ici, il vivra la maladie de son beau-père, et avec lui les 3 filles du malade. C'est un voyage à travers des souvenirs d'enfance des années 70, des congés passés chez ses parents vieillissants, l'accompagnement d'une personne malade. Et ça reste une bande dessinée. J'avoue avoir bien ri à certaines occasions et avoir été bouleversé à la fin du livre qui se termine de si belle façon. En fait, Rabagliati utilise ses dessins pour donner à la réalité une bonne part de rêve. Ainsi les 2 dernières pages de cet album grandiose, mais aussi quelques scènes, dont le rêve d'un des personnages qu'on se dit presque j'avoir déjà rêvé nous aussi.

J'ai parcourru Paul à Québec dans mon lit, me l'offrant à petites doses avant de me coucher pendant quelques jours. Il me manquera cruellement. Aussi ai-je la ferme intention de décréter les bandes dessinées comme lectures de chevet pour l'été qui vient. Qui sait si je ne viens pas de me découvrir une nouvelle habitude.

Pour qui est curieux, a envie de changement dans ses lectures sans pour avoir l'impression de perdre son temps, je suggère fortement tous les livres de la série "Paul" de Michel Rabagliati. Et pour qui a entendu dans les médias québécois que "Paul" est en voie de devenir le Tintin québécois, je dis de ne pas vous en faire, ça n'a aucun rapport. Tintin est un produit international, généraliste tant par son propos que par ses aventures. paul, lui, est plus particulier parce qu'intrinsèquement Québécois, mais si ouvert et sans prétention qu'il constitue une des meilleures façons de découvrir cet endroit d'où il nous vient.

Chapeau bas à Michel Rabagliati, pour l'intelligence et pour les bons moments, et vivement un prochain Paul!

mardi 7 avril 2009

Nouvelle grammaire finnoise, par Diego Marani, Éditions Rivages


Je lis rarement deux fois le même livre. J'ai eu l'occasion de relire celui-ci, et c'est avec joie que je l'ai revécu, parce qu'il s'agit d'une histoire qui se vit, qui se ressent très fort.

Fin de la 2e guerre, un homme est retrouvé presque mort, en Italie, par un médecin Finlandais. L'homme en question portait la veste d'un bateau de guerre finlandais, d'où l'attachement du docteur. Or, l'homme a complètement perdu la mémoire. Son sauveur aura vite fait de lui ré-apprendre da langue et de le retourner en Finlande. Or, le médecin avait-il raison de tout faire ça?

C'est un récit sur l'identité et sur la fierté. Un bel hymne à l'appréciation de ce que l'on est intrinsèquement en tant qu'humain: quelqu'un avec une histoire, des souvenirs, une langue et un lieu de naissance. La "re-découverte" de son nouveau pays par le personnage principal passera par les tons du ciel, les voix entendues, les gens à regarder, mais aussi et surtout, à travers un autre personnage très fort, la découverte de la langue comme une partie de soi. De là où je vis, au Québec, cette histoire est particulièrement touchante. D'Italie en Finlande, elle parle des peuples et des individus, chacun ayant droit aux fiertés et aux caractéristiques de l'autre sans pour autant choquer quiconque. À une époque où, au Québec, la fierté nationale est reléguée au rang de folklorisme vaguement fascisant par des alter-mondialistes qui n'ont rien compris au monde, il fait bon se faire dire dans une belle histoire qu'on a droit d'être tel qu'on a été fait, et non tel qu'on voudrait que l'on soit.

Nouvelle grammaire finnoise est court, écrit doucement mais clairement, sans fioritures. Écrit et paru il y a quelques années déjà, j'espère pouvoir trouver un autre ouvrage en français de cet autre auteur italien inspiré. Chaleureusement recommandé.