lundi 16 octobre 2023

La version qui n'intéresse personne, par Emmanuelle Pierrot, éditions Le Quartanier

Ce livre contient un scénario hors pair. Tout est réuni pour captiver l'attention: un décor peu connu, une société qui dérange, des jeunes qui se cherchent. La montée dramatique est extrêmement efficace, et si le style n'a rien de particulier, les mots sont les bons, et le rythme, parfait.

Ce premier livre attire l'attention pour sa description d'une communauté plus ou moins punk établie à Dawson City, au Yukon, à la fin des années 2010. Mais c'est le drame personnel de la narratrice qui rend ce livre unique. Son histoire n'a rien d'étonnant au début du livre: deux amis quittent le Québec sur le pouce pour aller jusqu'au Yukon. Ils vivent dans des squats, des cabanes, boivent, fument, baisent, pas d'horaires, pas de conventions, c'est la bohème à la puissance mille, avec un fort penchant autodestructif.

Pour qui l'a lu, on fait des parallèles avec l'univers du Plongeur, de Stéphane Larue. Je me disais que Le Quartanier avait trouvé un filon. Mais lentement, Emmanuelle Pierrot fait basculer son histoire qui sombrera dans un horrible cauchemar... à cause d'une histoire d'amour. Des deux amis originaux, un des deux se sent trahi par l'histoire d'amour de l'autre. S'en suit une ostracisation sans limites, pleine et puissante par l'ami et par toute la communauté qui mènera la victime jusqu'au bout d'elle même.

C'est court de dire que ce livre décrit les affres du milieu punk. Pour moi, c'est plutôt l'histoire hyper bien décrite d'une ostracisation. Cette histoire aurait aussi bien pu se passer dans une communauté rurale, une secte, un groupe d'amis quelconques. Renfermé sur lui-même, ce groupe reproduira les pires côtés du genre humain, et c'est ce que raconte l'autrice avec un récit fort dans un décor aussi violent que ce qu'elle raconte.

Si la fin est sombre, c'est parce que le début est lumineux. Emmanuelle Pierrot décrit aussi bien le début de l'amour que la fin des amitiés, avec une superbe douceur lorsqu'il le faut, et des peurs chargées aux moments les plus durs.

Grosses angoisses pour le lecteur, mais une lecture sur le bout de ma chaise. Gros bravo! Quelle superbe lecture!

jeudi 5 octobre 2023

Occupez-vous des chats, j'pars; par Iris; éditions PowPow

Voilà une bédé feel good qui m'a fait beaucoup rire. Pleine d'autodérision, l'autrice y raconte des séjours à l'étranger. Motivés par la création, ce sont autant d'occasions pour elle de développer son réseau et sa découverte du monde. Personnel sans être trop intime, le ton est juste et les anecdotes racontées savent retenir notre attention.

Je dirais aussi que les geeks aimeront Iris. Le côté "documenté" de ce livre m'a charmé, ce qui rend le livre plus que simplement divertissant. Elle nous partage, avec beaucoup de candeur, des découvertes, et comme ça tourne le plus souvent autour de particularités culturelles, si on est curieux et qu'on s'ennuie de voyager, on embarque avec elle.

On se reconnaît en elle à travers ses réactions, tant de crainte que de joie, et ses questionnements. Le dessin est simple mais super efficace, et l'écriture très fluide, sans prise de tête, mais précise. Pour ma petite connaissance du grand monde de la bédé, c'était absolument parfait, d'autant plus que qu'Iris est du même coin du monde que moi et que ses références humoristiques me sont familières.

Un beau livre qui fait du bien, fort bien fait. À recommander pour qui ne se tappe pas de bédé trop souvent, mais aurait bien envie d'en parcourir une bonne.