jeudi 14 août 2014

Recommencements, par Hélène Dorion, éditions Druide

Je regarde la couverture de ce livre et je me dis encore qu'il s'agit presque d'un miracle que je me le sois procuré. En fait, c'est une entrevue avec Hélène Dorion entendue à la radio qui m'a donné envie de la lire. Autrement, oui bon, d'accord, c'est pas gentil de ne se fier qu'à la page couverture. Y faut pas, c'est superficiel, et tout, mais quand même... un oiseau sur une branche ma ramène inévitablement aux boutiques de choses parfumées dans les centres d'achat, ou à la réclame publicitaire d'une gourou tantrique quelconque... mais passons. Si l'habit ne fait pas le moine, la couverture n'est pas tout le livre. Fort heureusement.

Recommencements est un récit. Hélène Dorion y raconte (et là je dis ça très froidement) sa remise sur pied après deux deuils. Un premier, qui semble prétexte à ce recueil d'impressions, est celui suivant le décès de sa mère. Le second, qui semble a voir pris beaucoup d'importance, est la fin d'une relation.

Hélène Dorion n'écrit pas froidement. Pas du tout. Il y a beaucoup de chaleur dans ses mots et dans son récit, et ce en tous les sens du terme. Elle raconte son désarroi sans misérabilisme dans quelque chose qui ressemble à un atmosphère confortable. Pourtant, le sujet ne l'est pas. Certains décriront ça par une certaine "zenitude", d'autres, par une profonde réflexion. Pour ma part, j'y vois une certaine sagesse et de la poésie, pas tant dans sa façon d'écrire que dans celle de percevoir sa vie.

Pour se retrouver, l'auteur nous raconte des périples dans ses propriétés, une sur le bord d'un lac, l'autre, sur une île du sud. Bon, on n'est pas dans la grande misère économique, c'est certain. Ça pourrait en déranger certains, cette lassitude, comme un genre de naïveté qui ne lui fait pas vraiment prendre conscience des biens qui l'entourent, du fait qu'il lui est facile, pour des raisons que je ne saurais expliquer, de prendre quelques mois et de s'exiler sur une petite île là où passent parfois des ouragans. Mais si on passe par-dessus ça, on lit le parcours de quelqu'un qui traverse sa peine et s'en débarrasse en portant attention sur ce qui l'entoure: la beauté, le calme, la vie qui suit son cours. Dit comme ça, ça semble tout simple et oui, ça l'est, et en plus c'est bien écrit.

Je ne vis pas, présentement, l'émotion qui a poussé Hélène Dorion à écrire ce livre. Si j'expérimentais une peine ou un deuil, je crois que ce récit m'aurait fait du bien. Notez bien que je ne vois pas là une référence de quelque nature thérapeutique que ce soit. J'y vois seulement un regard sage et limpide sur des choses qui nous arrivent tous, raconté de belle façon.

Recommencements est à lire lentement. Ce n'est pas le genre de chose à vous tenir sur le bout de votre chaise, mais qui peut accompagner votre calme ou vous aider à le retrouver.