dimanche 3 septembre 2017

Snjor, de Ragnar Jonasson, éditions Points

Ce n'est pas la première fois où je commence en disant que le roman policier est vraiment un monde à part. Conventionnel, le polar classique comme celui-ci contient des référents qui, j'imagine, réconfortent le fan du genre. Ici, l'enquêteur est un jeune apprenti-policier de 25 ans. Je note une originalité dans le fait qu'il ne mène pas une vie personnelle pathétique, embuée par l'alcool ou quelque dépendance du genre. Non. Celui-là mène une vie rangée avec sa copine. Mais voilà, ça se dérèglera un peu parce que pour ce livre, le gars en question ira travailler loin de chez-lui (Reykjavik), dans une bourgade éloignée du nord de l'Islande. Sa copine ne le suit pas. Leur liaison deviendra téléphonique avec tous les questionnements que ça apporte.

Voilà pour la vie personnelle de l'enquêteur.

Quand à l'enquête, on sera fixé assez rapidement avec deux décès apparemment non-reliés dans la-dite petite bourgade où tout le monde se connaît. Tous les personnages deviendront rapidement suspects. Là encore, le cadre bien défini du roman policier est respecté. L'originalité réside dans l'atmosphère: c'est l'hiver, il neige sans discontinuer et le personnage, seul parce que ne connaissant personne dans son nouveau lieu de travail, sentira le monde se refermer sur lui, jusqu'à étouffer. L'angoisse qui l'assaille remplace l'habituelle peur ou le danger. S'il est un malaise, dans Snjor, il réside définitivement dans l'angoisse.

Quant au reste, c'est bien écrit et bien traduit. L'intrigue est efficace, on ne s'ennuie pas. Si les personnages sont peut-être un peu clichés, on en vient à bien les connaître grâce à de bonnes descriptions psychologiques. Le lieu est exploité à fond dans sa géographie et un peu dans son histoire, mais malheureusement, on ne fait aucune référence au titre. Les férus de langues scandinaves verront peut-être un lien avec le personnage principal si on prononce le mot d'une certaine façon, mais rien, dans le livre, ne peut confirmer ces dires, et c'est bien dommage. En fait, on se demande un peu comment l'éditeur en est venu à choisir ce titre.

On décrit Ragnar Jonasson comme une découverte dans le monde du roman policier. Tant mieux. C'est donc dire que les amateurs de ce genre littéraire y trouveront leur compte. Pour ma part, j'ai passé un bon moment, oui, mais sans grande émotion. Je ne mets pas la faute au livre. C'est juste que moi, le roman policier...