dimanche 25 avril 2010

L'homme sans passé, par Robert Crais, Éditions de Poche - Thriller


L’occasion m’a été donnée de lire un thriller, dans la plus pure facture (sorti en 2007). Je ne connaissais pas Robert Crais et j’ai découvert une machine à écrire qui a sorti plusieurs titres dont quelques-uns ont été portés à l’écran... j’ai envie d’ajouter “comme tant d’autres” mais bon, je retiendrai ici mon préjugé. Le genre a depuis toujours ses fans inconditionnels, j’en ai déjà lu d’excellents mais là, franchement, j’ai eu l’impression désagréable d’être englué de sucre et de beurre fondu à la fin de ce roman.

Bien sur, le personnage principal est un flic, bien sur, il est un peu rustre, mais c’est un bon gars, allez, il sait pousser des craques bien senties même si le pauvre a un passé bien torturé. L’histoire tourne d’ailleurs autour de ce fait singulier. Un mec se fait tuer en prétendant dans son agonie que le personnage principal est son fils, d’où l'implication de ce dernier dans une enquête qui n’est pas la sienne parce qu’il cherche le papa qu’il n’a jamais eu. Ses collègues enquêteurs et spécialistes de tout acabit de la découverte d’indices sont encore plus grossiers, et son fidèle acolyte a un petit quelque chose de Rambo au grand coeur. Rien de nouveau, quoi.

L’histoire se passe à L.A. Y’a des gens glauques, des endroits glauques et des scènes glauques mais ne vous en faites pas, le personnage principal vit aussi les affres de l’amour avec un grand “A”. Si ce bouquin était un film, on aurait sans doute une impression de déjà vu du début à la fin et on sortirait de la salle en baillant.

Reste enfin la traduction. Les dialogues de petits truands sont traduits dans un argot franco-français qui me fait me rappeler les westerns spaghettis traduits en Europe dans les années ‘70. Pour un Québécois, c’est lourd, voir invivable, et ça enlève le petit peu de crédibilité que l’intrigue aurait pu avoir. Encore une fois, je soulève le cas de traductions mal adaptées. En fait, j’en suis à me demander si certains bouquins ne devrait pas avoir la mention “traduit en français européen”, de la même façon qu’on verra parfois des mentions du genre “anglais américain, anglais irlandais, anglais britannique” lorsqu'il est question de la lingua franca de notre temps.

Mais un thriller reste un thriller, et on se demande toujours si c’est le Colonel Mustard qui a tué avec une corde dans la salle de billard... ou pas. Rien de perdu donc, mais c’est à peine amusant, à moins d’être un inconditionnel du genre.

dimanche 18 avril 2010

D'autres couleurs, par Orhan Pamuk, Éditions Essais Gallimards


J'ai récemment dû quitter un ami. C'est l'impression que j'ai ressentie à la fin de la lecture de ce recueil de courts textes d'Orhan Pamuk. Rare que je lis de tels recueils. En fait, j'avoue m'être fait prendre. Trop heureux de mettre la patte sur un nouveau Pamuk, que j'avais tant aimé avec Neige, j'ai arraché le bouquin de l'étal de ma librairie préférée sans même en consulter le quatrième de couverture, ni même prêter quelque attention que ce soit à la maison d'édition.

L'écrivain Turc y recueille tout plein de courts textes écrits à diverses occasions, ou parus dans des magazines, ou rédigés pour être lus devant un auditoire, etc. Au début, on y découvre des textes sur le plaisir d'écrire, le bonheur de raconter des histoires. Excellent choix de l'éditeur comme entrée en matière. Pamuk s'exprime si simplement et d'un phrasé si sympathique qu'il nous prend dès les premières pages. Bien que j'aie à avouer avoir sauté quelques pages portant sur des bouquins ou des auteurs qui m'intéressent moins (Dostoievski; eh oui, le bon vieux Dostoi, moi, pour tout vous dire, ça m'a jamais vraiment parlé), ou autres, j'ai re-plongé et me suis surpris à découvrir la Turquie, un pays que je ne connaissais pas. Il fait bon découvrir un peuple par la pensée plutôt que par l'imagerie ou le simple guide de voyage, et d'autant plus si le guide est sans prétention, intéressé à vous intéresser.

Les essais dits "intellectuels" peuvent tomber dans le soporifique ou la prise de tête si écrits par de prétendus intellectuels. Dans le cas où la réflexion est suscitée par un auteur qui ne se dit capable que d'écrire des romans, on a plutôt l'impression d'écouter ou même de participer à une conversation autour d'un café. Franc avec vous, je lirais de tels recueils régulièrement. C'est un peu comme un coup de téléphone d'un ami, un petit 10-15 minutes sur un sujet qu'on n'avait pas prévu et que notre interlocuteur sait rendre intéressant. "Priceless", comme le disent si bien les mercantiles...

Vivement un nouveau Orhan Pamuk sur les rayons!