mercredi 3 janvier 2024

Éden, par Ava Audur Olafsdottir, éditions Zulma

Ava Audur reste fidèle à elle-meme en nous offrant une histoire où elle nous parle du meilleur de l'humanité et de la nature, en nous faisant réfléchir sur les travers qui pourraient abimer les deux.

Une spéciaiste de la langue islandaise décide d'acquérir une maison à la campagne. Ce retour à la terre d'un col blanc n'a rien d'original en soi, mais l'autrice campe son roman dans la campagne islandaise actuelle, où des arbres poussent... alors que ce n'était pas le cas il n'y a pas si longtemps: premi;ere originalité. On verra comment son désir de planter des arbres de matérialisera.

Mais il faudra aussi voir avec qui: deuxièeme originalité. Lors de son installation, elle fait la rencontre d'ouvriers d'origine étrangère récemments installés sur cette nouvelle terre où langue et environnement pèsent lourd dans la décision de rester ou pas.

Il est donc question d'enracinnement, tant au sens propre qu'au sens figuré, et franchement, le parralèle est génialement raconté. Chez Ava Audur, il y a beaucoup de beauté, tant dans ce qui entoure les personnages que chez les personnages eux-mêmes. Tout paraît vulnérable, fragile, tant les arbres, la rivière que les êtres, les nouveaux autant que les "natifs". Tous agissent plus ou moins consciemment pour se faire aimer. Chez cette autrice sensible, la course au bonheur se fait à petits pas. La violence fait partie d'un passé très proche, un passé qu'on veut oublier. C'est, il me semble, une façon fort particulière d'aborder cette bonne vieille violence qui mène tant d'histoires, tant écrites que filmées. Dans Éden, c'est parce que la violence a existé qu'on veut maintenant l'éliminer.

Les références à la langue islandaise pourraient être lourdes, mais elles sont brillamment menées par une traduction parfaite, qui laisse place aux mots d'origine là où il le faut. On a même parfois l'impression d'apprendre des mots en même temps qu'un des personnages. Un énième bravo pour le traducteur Éric Boury.

Belle, très belle lecture que cet Éden, parce qu'actuelle, riche d'images, de mots et d'expressions savoureuses mais aussi d'un espoir rendu trop rare, un espoir possible, sans licornes et très humain. Eh que ça fait du bien.

Chaleureusement recommandé.

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