mardi 1 décembre 2015

Fenètres sur la nuit, par Dan Vyleta, éditions Alto

Vienne, 1940. On connaît l'époque, peut-être un peu moins la ville, en tout cas c'est mon cas. À la fin de Fenêtres sur la nuit, on n'en connaît peut-être pas beaucoup plus ni sur l'un ni sur l'autre, mais on est convaincu que la conjugaison des deux constitue un décor parfait pour un polar.

En fait, tant pour l'époque que pour le lieu, Dan Vyleta s'en est tenu à des portions, puisque son histoire se situe sur une période de temps assez courte, soit une saison, l'automne, et la grande majorité des personnages habitent tous le même immeuble. "Thème connu", direz-vous. Peut-être, mais ici, c'est très joliment utilisé. Un jeune médecin, un vieux fonctionnaire corrompu, sa gouvernante et sa jeune nièce de passage, une enfant handicapée, un mime taciturne et sa soeur paralysée, un musicien japonais, et bien d'autres: tous se distinguent tant par leur personnalité propre, leurs vies respectives que leurs appartements. Certains sont riches, d'autres sont simplement aisés, d'autres carrément pauvres. Mais bien sur, tous s'observent, et certains plus que d'autres, d'autant plus que certains événements sont prétextes à se tenir sur ses gardes. Qu'on parle du meurtre d'un chien ou de celui d'un étudiant inconnu, de celui d'un habitant de l'immeuble ou d'un inspecteur de police, on a toutes les raisons de suspecter tout le monde pour toutes sortes de raisons, surtout lorsqu'on connaît les petits travers de chacun. Parce qu'en plus de jouer avec le mystère, l'auteur manipule très bien la psyché humaine. Les impressions, les suppositions, les jugements, tout y passe, tout ça sur fond de crainte des autorités et des événements du temps. Bref, l'inconfort est général et l'intérêt du lecteur, constant.
Je ne crois pas que l'intention ait été de créer une atmosphère de bande dessinée, avec ces personnages très typés, presque caricaturaux. C'est pourtant l'impression que j'en ai eue, et c'était fort bien. Pas drôle mais très divertissant, un brin sordide mais pas gore, sombre à souhait avec quelques traits de lumière tirés de personnages aussi sympathiques qu'angoissants, Fenêtres sur nuit a tout pour plaire aux amateurs d'intrigues... et aussi à ceux qui visitent moins souvent le genre, comme moi.

Je lirais volontiers un autre Dan Vyleta.

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