dimanche 9 octobre 2011

Solaire, par Ian McEwan, éditions Gallimard


Autre recommandation de mon libraire. Jusqu'ici, il ne s'est pas souvent trompé. "C'est drôle, très anglais, plein d'ironie" m'a-t-il dit en me présentant Solaire, d'un auteur prolifique que je ne connaissais pas encore. La jaquette parlait du "livre le plus dôle de McEwan". Eh bien les deux ne se sont pas trompés.
Anti-héros par excellence, Michael Beard est grassouillet, Nobel de physique, amant de la bonne chair dans tous les sens du terme. Au terme de son 4e mariage, sans enfants, il se verra rattrapé par sa vie jusqu'ici fortement débonnaire. Ayant accumulé les maîtresses malgré son physique désavantageux, il arrive ici que c'est sa femme qui le cocufie. Déstabilisé, il perdra pied progressivement à travers une suite d'événements prétextes à quantité d'anecdotes savoureuses. Jusqu'à une fin qui, justement, a tout de la fin de bien des choses...
Anecdotique est le mot. McEwan fait passer son bonhomme par tout plein de situations empreintes d'ironie, de sarcasmes et d'une bonne dose d'humour très British. Critique acerbe du monde des affaires et des médias, l'action se déroule au début des années 2000, les années Blair, qui, lui comme d'autres, passent à la moulinette. Souvent pathétique, le personnage principal passera pourtant à travers les humiliations avec une bonne dose de flegme, non sans être conscient de voir le ciel lui tomber sur la tête. J'ai ri, très certainement, oui, et de bon coeur.
Attention, il ne s'agit pas ici des Monthy Pytons ni d'un Mr Bean littéraire. Solaire est plutôt un divertissement qui a l'avantage non seulement de nous vulgariser des notions de physique qui auraient bien pu être des plus arides, mais aussi de nous faire réfléchir sur les conséquences de nos actes sans pour autant tomber dans le "moralisateur". D'où un côté franchement européen, en opposition aux introspections le plus souvent pleines de culpabilités des auteurs américains. Ici, de la culpabilité: pas du tout. Plutôt du fatalisme, beaucoup de fatalisme. Très bien traduit, d'un style qui coule bien, Solaire ne révolutionne rien mais fait passer de très bons moments entre l'Angleterre (les amoureux de Londres seront servis) et le sud-ouest des États-Unis, sans tomber dans aucun cliché concernant ces deux parties du monde.
Belle réussite. À lire avec un sourire en coin.

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