dimanche 25 septembre 2011
Le cimetière de Prague, par Umberto Eco, éditions Grasset
Ces derniers temps, lorsqu'on me parlait lecture, je répondais que je lisais Umberto Eco. Aux sourcils qui montaient le plus souvent vers le haut à ma réponse, je répondais d'un sourire. J'ai bien fait de ne pas trop en prétendre, parce qu'ils avaient raison. Je suis surpris moi-même d'avoir lu le Cimetière de Prague au grand complet parce qu'il est fort possible que je n'aie rien compris.
Un homme d'une soixantaine d'année se réveille un bon matin et constate que les habits d'un autre sont suspendus à un cintre dans sa chambre. À qui appartiennent ces fringues? Et si c'était les siennes? Pour découvrir qui est qui, l'homme plonge dans ses souvenirs, qu'il écrit, et à son réveil, "l'autre" poursuit son histoire, comme s'il la connaissait lui aussi.
Le fond est excellent, l'idée audacieuse. On voit là un écrivain qui sait comment lancer une histoire. Alors ça va ainsi: on part de 1897, et on descend dans le temps. L'homme est notaire, vit à Turin, et découvrira comment devenir un bon faussaire. Ses talents le mèneront à travers... l'Italie et la création de ce qu'elle est (Garibaldi, les guerres, etc.), et la France (la Commune de Paris, l'affaire Dreyfus, etc.) Historique, vous avez dit? Le mot est faible. C'est Umberto Eco après tout, monsieur "Nom de la rose". Mais on en est loin. Ici, l'histoire marine (c'est tout à fait le mot) dans les guerres intestines catholiques vs francs-maçons, où ces derniers représentent l'anarchie et le non-respect de l'ordre établi. Ajoutez à ça une forte, très forte dose d'anti-sémitisme ouvert du personnage principal et des deux narrateurs et vous en restez pantois, vous nagez dans les faits historiques détaillés, les anecdotes, les descriptions, les allusions, les personnages qui viennent et qui disparaissent et qui réapparaissent 20 ans plus tard. C'est plus de la lecture, c'est de l'exercice.
À quoi ce grand de la littérature a-t-il venu en venir? À une grande métaphore de la gauche vs la droite? À l'allégorie de "quand on crache en l'air..."? À du cynisme tellement tordu que le but de perdre le lecteur en est avoué? À un défoulement où il mes en scènes ses propres ressentiments? Je sais pas. Et ces images du 19e siècle qui parsèment le livre... elles sont belles, oui, et permettent parfois de souffler un peu, mais était-ce vraiment nécessaire?
Si Eco écrit pour divertir, cette fois-ci, il est, pour ma modeste part, passé bien à côté. Si par contre il écrit pour se faire plaisir, on imagine aisément qu'il a réussi.
Franchement, c'est à n'y rien comprendre.
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