dimanche 16 décembre 2007

Quand les cons sont des braves, par Martin Petit, VLB


Si je me suis tapé un essai c'est qu'il revêtait un caractère particulier: celui-là a été écrit par mon cousin. Martin, ce joyeux luron, très "Petit" par son éloquence, un brin baveux mais pas méchant, s'est enrôlé dans l'armée à 19 ans. Puis advint ce qu'il est devenu. la dernière fois où je l'ai vu, c'était au Jour de l'an il y a 4 ou 5 ans. Il se tenait dans son coin, coit, quiet, souriait et c'était à peu près tout. Ce changement, il le raconte dans "Quand les cons sont des braves". J'ai hésité avant de le lire. Je savais, pour avoir entendu Martin en entrevue lors de la sortie de son livre, qu'il s'agissait d'abord pour lui d'une thérapie puisque victime du syndrôme post-traumatique. Aussi j'ai eu peur de vivre ses tristes états d'âmes, de parcourir un recueuil d'impressions. Si tel est le cas, c'est fort bien fait et très à propos. Dans ce livre, Martin raconte, mais aussi explique. Son parcours qui l'a mené des Balkans au Koweit en passant par la Somalie se lit comme un livre d'aventures. À chaque nouvelle destination, il prend la peine d'expliquer le conflit, son envergure, sa petite histoire. Et s'il parle de niveaux hiérarchiques de l'armée ou d'exercices particulier, il les explique aussi. Et très bien. Comme un cousin l'expliquerait à un autre, devant un verre, avec attention.

Ce livre, on le termine un peu défait, mais instruit car il a la très rare capacité de susciter la pensée et très certainement les discussions, à en juger par la grande couverture médiatique dont il a jouit. Cet essai présente le destin d'un gars intelligent qui s'est retrouvé au mauvais endroit, et nous fait nous rendre contre de l'incongruité de l'armée canadienne, qui à tout prendre n'a que peu ou pas de raisons d'exister. Il nous fait réaliser que quiconque s'y enrôle ne le fait sans aucun doute à peu près jamais pour la "cause" mais plutôt parce qu'il y trouve une quelconque façon de continuer une vie au parcours jusqu'ici erratique.

Et viennent les abus, les humiliations, les injustices, bref, tout ce qui va avec un milieu où la hiérarchie prend le pas. "Au plus fort la poche", à la merci des power trips.

Pour avoir écrit ça, Martin a eu un cran du tonerre. Du cran pour parler ouvertement de choses qui ne se disent pas lorsqu'à l'intérieur de l'armée, du cran pour dire que oui, il s'agit bel et bien d'une institution qui n'a rien à cirer des "deux peuples fondateurs", aux détriments de celui qu'on sait, du cran, même, pour avouer avoir passé du temps à lire, oui, à lire parce que bien que mal vu, c'était là où il trouvait une certaine évasion.

Quand les cons sont des braves est à la portée de tous. En fait, au moins un membre de chaque famille devrait se le taper, histoire de passer le message aux autres: le meilleur don qu'on puisse avoir est celui de la liberté. Martin en dispose, et très bien. Puisse ses autres histoires être à sa mesure: brillantes et intéressantes.

J'ai vraiment très hâte de te revoir, Martin.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Interesting to know.