vendredi 28 décembre 2007

Big Bang, par Neil Smith, Les Allusifs


Il doit être difficile de recevoir les critiques de qui a lu son recueil de nouvelles. C'est ce que j'imagine pour Neil Smith. À chaque fois, on doit lui dire quelque chose comme : "Moi j'ai préféré celle-là mais moins celle-ci", et ce décliné dans toutes les formulations possibles. Donc, au bout du compte, l'auteur pourtant fier de toutes ses histoires doit vivre, à chaque personne rencontrée, une petite déception. Celui-ci n'en mérite pourtant pas. Big bang est sans doute un des meilleurs recueuils de nouvelles que j'ai lus. Si personnages et contextes ont parfois l'air un peu "têtes en l'air", n'en reste pas moins, à chaque fois, une émotion très profonde lorsqu'on termine chacune des histoires. J'ai été ému face à une amitié qui ressemble à de l'amour, retourné par la sagesse d'une fillette trop précoce, tétanisé par l'aboutissement d'une grossesse engendrée sans amour, renversé par la narration que des objets font de leurs propriétaires.

Les thèmes abordés par Neil Smith sont aussi frais que son écriture. Tout ici est nouveau, et si rien n'est fantastique, rien non plus n'est commun. Bien entendu, on ne sort pas de chaque nouvelle sous le même effet, mais jamais n'a-t-on l'impression d'avoir lu du "remplissage". Nous faisons ici face à un auteur intelligent, sagace et très fin observateur de la faune et de la flore humaine avec une écriture qu'on dirait aussi contemplative qu'hyperactive.

Vivement un prochain album de Neil Smith, ne serait-ce que pour voir, cette prochaine fois, où il nous emmenera. Et à qui ne serait pas encore tenté de lire tout Big Bang (qui n'est pourtant pas bien long), je lui proposerais de ne lire que la première nouvelle, Incubateurs, pour comprendre qu'on assiste effectivement ici à l'arrivée d'un écrivain majeur, à Montréal.

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