dimanche 21 octobre 2007

Mauricio ou les élections sentimentales
par Eduardo Mendoza
Seuil


Bon. Je viens de relire mes deux “articles” précédents. Il manque des mots, c’est écrit tout croche et ça sent la naïveté du débutant. Intéressant. Je devrais me relire avant de publier mais eh, le plaisir du blogue est d’en faire ce qu’on veut comme on le veut, non? Au diable le perfectionnisme. Pour autant que j’aie du plaisir à lire, j’aurai toujours le même plaisir à mettre ce site à jour, peu importe comment c’est écrit.

J’ai découvert Eduardo Mendoza avec La ville des Prodiges, et avec lui, le Barcelone d’entre deux expositions universelles (1888 ou à peu près, jusqu’à 1929). Sans tenir dans la fresque historique, ça tenait du livre à grands déploiements, comme on pourrait le dire d’un film. C’était action par-dessus action avec des personnages autant acteurs que victimes. Puis vinrent les frasques de son personnage sans nom, genre d’Hercule Poirot trash sauce espagnole dont les histoires rocambolesques me ramenaient littéralement à du Almodovar version romans. Il y avait Le labyrinthe aux olives, Le mystère de la crypte ensorcelée et surtout L’artiste des dames ou les situations invraisemblables et loufoques à souhait me faisaient lâcher de grands éclats de rire en le lisant. Pour moi, Mendoza, c’est l’auberge espagnole incarnée en romancier, mais attention, l’expression est peut-être mal choisie parce que le bonhomme est Catalan et à peu près tous ses bouquins ont Barcelone pour cadre. Or, Mendoza devient encore plus intéressant lorsqu’on apprend qu’il rédige ses ouvrages en espagnol et non en catalan, ce qui le fait soulever la polémique et les débats dans sa Catalogne natale. Quoi, le gars se dit Catalan et il écrit dans “une autre langue”? Pourquoi pas. Que voici un débat digne des petits peuples comme le Québec où la forme prend plus d’importance que le fond, ce qui rend le message véhiculé par l’auteur complètement mis de côté. L’immportant, pour les petits peuples, c’est de ne pas avoir l’air fou. Et pourtant... celui qui l’dit est trop souvent celui qui l’est.

Mauricio... se déroule dans le Barcelone des années ‘80. En fait, c’est très années ‘80 comme environnement. En toile de fond, la candidature de la ville pour les jeux olympiques. On ne sait pas encore s’ils seront accordés à Barcelone, d’où les débats des personnages sur la question. Faut aussi souligner que l’Espagne sortait alors de l’époque franquiste. Le pays se découvrait une nouvelle liberté et si tout y était alors possible, les désillusions commençaient déjà à se pointer. Comme quoi l’histoire se répète, on dirait le Québec des années ‘60 ou l’Europe de l’Est des années 2000.

Mauricio est un dentiste qui subit les événement plus qu’il ne les provoque, et deux histoires d’amours successives, voir entrelacées lui feront vivre à peu près les mêmes questionnements que tout un pays, en l’occurrence, l’Espagne. S’engager ou pas? Choisir quel côté? Changer sa vie ou pas? Le traitement est brillant et s’il ne soulève pas l’hilarité comme dans ses livres précédents, Mauricio... reste truffé de répliques tordues et ironiques qui ne peuvent que nous faire sourire très fort.
Il faut peut-être être Espagnol ou Catalan pour relever toutes les subtilités du livre, aussi avais-je parfois l’impression d’être spectateur d’une pièce qui n’avait pas été montée pour moi. Reste que l’écriture limpide et la subtilité des commentaires de Mendoza sur le monde, les gens et leurs travers m’ont encore fait passer un bon moment. Mauricio ou les élections sentimentales n’est pas le meilleur livre pour découvrir Eduardo Mendoza. Pour ça, je recommendrais plutôt les titres cités plus haut. Mais pour qui aime la dérision intelligente, Barcelone et l’humour fin, ce livre permet de passer du bon temps.

Voilà. Mon prochain bouquin sera celui d’un auteur que j’aime au moins autant que Mendoza. De l’Espagne, je passe à l’Irlande avec Calum McCann, quoi qu’aucun de ses bouquins ne se soit jusqu’ici déroulé dans son pays d’origine. Zoli promet déjà de tirer fort. D’ici là, c’est possible que j’me décide entre-temps de parler d’un bouquin que j’ai lu antérieurement. C’est aussi possible que je change d’idée. C’est donc inévitable que je reste moi-même.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai été décue par ce Mendoza surtout parce que j'avais de la difficulté à me situer dans l'espace/temps. Dernièrement, quelqu'un m'a expliqué que Neil Bissondath explique toujours dans ses cours qu'il faut écrire pour le lecteur chinois i.e. qu'il faut tout expliquer même ce qui semble évident (Bon, je le dis sûrement moins bien que monsieur Bissoondath!!) Et ce livre est écrit pour un public Catalan voir Espagnol ou pour des gens très proche de cette culture.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut bouder cet auteur La ville des prodiges est un livre passionnant.