dimanche 20 avril 2025

Sirop de poteau, par Francis Ouellette, VLB éditeur

C'est un type d'écriture spectaculaire qui raconte un milieu populaire, sans subtilité et avec une belle poésie facilement abordable. J'ai ri de grand coeur et j'ai refermé le livre les yeux dans l'eau. Avec de petites ellipses philosophiques dans lesquelles j'ai aimé me perdre par moments, Sirop de poteau a confirmé la place de Francis Ouellette parmi mes nouveaux auteurs préférés.

Dans ce deuxième livre, l'auteur raconte un personnage important de son premier. Il le met ici au centre de son histoire, en faisant graviter autour de lui le petit monde de son quartier montréalais de Centre-Sud. Encore une fois, c'est réussi. Le style est le même que dans Mélasse de fantaisie, la vie y est dure et toutes les émotions sont à fleur de peau. Dépaysement assuré.

Ouellette a un talent indéniable pour écrire la langue parlée. C'est fait avec justesse, sans la condescendance que d'autres peuvent avoir en marquant certaines expressions par de trop gros traits. Ici, les dialogues prennent une tournure imagée lorsqu'il le faut, même dans les mots du narrateur, qu'on associe rapidement à l'auteur lui-même.

Il va sans dire que le succès de Francis OUellette réside aussi dans une nostalgie bien assumée. Pas que la condition difficile des gens décrits est à envier, pas du tout. On pense plutôt à certains lieux mytiques du Montréal des années 60, 70 et 80, comme le Cabaret du Lion d'Or et le fameux Vieux-Munich. Les descriptions de ce dernier lieu valent le livre à elles seules. Je lisais ça dans le bus et les gens me regardaient rire avec des airs intrigués, c'est tout vous dire.

Mais tous n'aimeront pas ce Sirop de poteau, principalement parce que l'auteur ne censure ni ses personnages si l'époque dans laquelle ils évoluent. Ça résulte en de nombreuses situations où les différences entre les sexes créent de l'injustice et de la violence, et où des propos vulgaires font partie du quotidien. Âmes sensibles, s'abstenir. Reste que cette histoire vous raconte le Montréal le plus montréalo-montréalais qui soit. Vous verrez apparaître des personnages malheureusement obscurcis par le temps comme Denis Vanier et surtout, la sublime Josée Yvon et son aura, que Ouellette reconstitue avec brio.

Un Sirop de poteau de grand crû!

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