mercredi 4 janvier 2023

Rang de la dérive, par Lise Tremblay, éditions Boréal

C'est comme si quelqu'un de votre entourage proche vous faisait une révélation, vous informait d'une chose que vous auriez préféré ne jamais savoir. Entre la tristesse, la peur, l'émoi et la surprise, vous êtes désemparés. C'est le sentiment que je retiens de ma sortie du Rang de la dérive.

Écrivaine majeure que j'adore, Lise Tremblay me jette ce livre à la figure en me disant de me débrouiller avec lui. J'en ressort avec des émotions mêlées, sans avoir nécessairement pris de plaisir à le lire. Mais reste une intense fascination pour ces portraits de femmes qui ont en commun de vivre une fin de relation alors qu'elle sont en moyenne au début de la soixantaine.

Adroite dans son écriture, Lise Tremblay nous fait nous rendre compte qu'il est aussi difficile de lire la honte que d'en parler. Parce qu'il s'agit beaucoup de ça, mais aussi de réveils brusques ou les femmes racontées dans chacune des cinq nouvelles sortent de relations où un homme a pris trop de place. Quoi qu'il en soit, les constats que chacune font sont lourds. Sans parler de vies gâchées, elles constatent que de recommencer à zéro n'st pas si simple.

Bref, comme une confidence qu'on aurait préféré ne pas recevoir, ce livre ne laisse pas indifférent. Facile à lire, comme tout ce qu'écrit cette excellente autrice, il se révèle quand même d'une froideur presque clinique.

Devrait-on parler d'un public cible, dont je ne suis pas? Pas nécessairement. Ce serait condescendant, mais surtout méprisant. Ces portraits de personnes sans fards nous entourent sans aucun doute sans qu'on le sache ou sans qu'on veuille le savoir. Lise Tremblay nous les mets en pleine face, et on dira ce qu'on voudra, mais c'est réussi. J'ai préféré ses ouvrages antérieurs, mais peut-être que c'est celui-là qui m'aura le plus marqué.

Faut le faire.

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