mardi 11 juillet 2017

La grande embrouille, par Eduardo Mendoza, éditions du Seuil

D'abord, pour les fans ou pour qui connaît l'auteur: c'est la quatrième aventure de son personnage "enquêteur" sans nom, et c'est digne des histoires précédentes. Tout à fait dans la lignée.

Ensuite, pour qui le connaît pas Mendoza: cet auteur espagnol (ou catalan, je ne saurais comment il se définit lui-même) a écrit plusieurs livres dont certains contiennent un personnage récurrent qui se retrouve toujours un peu malgré lui au coeur d'intrigues qui ont tout du polar mais dont le rocambolesque n'a pas d'égal. Ce personnage apparaît pour une quatrième fois, à mon grand plaisir. Toujours aussi particulier, on ne sait toujours pas ni son nom ni d'où il vient. Ce qu'on sait, c'est qu'il est présentement exploitant d'un salon de coiffure pour dames sans clients, un endroit d'ailleurs assez pourri, et qu'un de ses amis, connu jadis-naguère en prison et en institution psychiatrique, est potentiellement dans le pétrin. Qui ira aider l'ami potentiellement dans le pétrin? Je vous le donne en mille.

Le génie de ce personnage, c'est son invention même, un genre de clodo opportuniste, fainéant au grand coeur, enquêteur par curiosité. Naïf à l'extrême mais brillant par son propos, le mec raconte ses histoires un peu comme le ferait Woody Allen, avec un certain dégagement sur les conséquences de ses actes mais avec beaucoup d'emphase sur certaines choses. Idiot sympathique mais pas con, c'est, à ma connaissance, un des personnages les plus attachants que je connaisse, et ses histoires sont immanquablement abracadabrantes.

Comme son auteur, le personnage habite le Barcelone contemporain. Si certaines références font référence à des pans de la culture espagnole qu'on ne connait pas, on devine aisément le sarcasme et l'ironie. Les personnages qui l'entourent sont tous tiré d'un genre de catalogue de la Cour des miracles: artistes de rue, ex-prostituées, bandits repentants, etc. À la limite du cliché, tous exposent leurs lacunes culturelles à travers les descriptions de leur compère narrateur, mais tous ont aussi une forte tendance à se faire aimer. Mendoza joue avec ses personnages comme il se joue de nos émotions à nous, bien qu'il sache surtout nous faire rire. Entre un film de Louis de Funes et La Conjuration des imbéciles, cette Grande embrouille nous fait valser du yoga aux statues vivantes en passant par le terrorisme et la mondialisation. Tout un menu digne du merveilleux personnage de Mendoza.

Pour les amateurs d'action, d'humour fin mais très politiquement incorrect.

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