mardi 6 juin 2017

Le gouvernement Lévesque, tome 1, par Jean-Charles Panneton, éditions du Septentrion

Pour un amateur de fiction comme moi, lire un essai me sort de ma zone de confort. Le sujet est d'autant plus dépaysant qu'il traite de l'Histoire récente qui, à mon sens, est moins sujette aux interprétations et à l'imagination puisque les décors et même quelques protagonistes sont connus. Pourtant, cet ouvrage m'a justement fait réaliser qu'il existe un temps à partir duquel des pans de l'Histoire tombent dans l'imaginaire, ou qu'à tout le moins ils deviennent un peu plus flous. Je prends pour exemple la Grande guerre dont on a beaucoup parlé ces dernières années, étant donné son centième anniversaire. L'époque est maintenant propice à tous les types d'histoires, voir à toutes les interprétations. À mon souvenir, il y a quelque 40 ans, tel n'était pas le cas puisqu'on pouvait encore entendre des gens ayant vécu l'époque. On traitait donc encore le sujet avec un certain respect, une certaine retenue.

L'époque ici racontée est une époque charnière de l'Histoire récente du Québec. Souvent galvaudée, récupérée à raison ou à tort par des analystes sérieux et des gérants d'estrade publiques, cette époque, comme toutes les autres avant elle, devient de plus en plus opaque avec le temps. Un tel ouvrage la débrouille avec l'oeil objectif de l'historien. Pour raconter le moment fort d'une élection particulièrement remarquée en 1976, Jean-Charles Panneton a eu la bonne idée de remonter aux origines du parti politique et de son chef et fondateur. Qu'est ce qui a mené à ça, par quelles associations, et avec quelles idées? On se surprend à constater qu'à cette époque, comme aujourd'hui d'ailleurs, tout n'était pas aussi noir et blanc qu'on aurait bien voulu le croire. Alors que depuis quelques années on ramène tout sous le seul partage des pensées de gauche et de droite, on gagne à savoir qu'il ne s'agit pas là d'une panacée en matière d'avancement de la société. Les buts qui ont mené certaines têtes fortes, dont les Robert Bourassa et René Lévesque, à se lancer dans la vie publique allaient bien au-delà de ce clivage. Et c'est inspirant. Et rafraichissant.

Écrit simplement, avec de courtes sections traitant chacune d'un sujet différent, on se surprend à en apprendre sur de grands noms dont les réputations, les frasques ou les faits d'armes ont occulté les pensées, les réalisations et même toute la vie. Un tel ouvrage aurait-il dû contenir cartes et photos? Peut-être, à partir du moment où ces éléments visuels auraient contribué aux connaissances que nous apportent le texte. Pourtant, même sans ces éléments visuels, on passe d'agréables moments à en apprendre plus sur ce bout de l'Histoire et des gens qui l'ont fait.

Heureuse alternative au documentaire, l'essai, même pour un fervent amateur de fiction, fait donc du bien.

À lire pour qui la période intéresse, et pour les amateurs d'histoire québécoise.

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