lundi 13 février 2017

Le continent de plastique, par David Turgeon, éditions Le Quartanier

Le garçon est tout frais sorti d'études littéraires à l'université. Ses amis proches et lui forment encore un petit cercle de lettrés dont ils sont fiers. Chacun de ses amis va son chemin plus ou moins bien tracé dans le milieu, qui dans l'enseignement, qui dans l'écriture. Lui, plutôt désoeuvré, assez peu motivé, paresseux et pas vraiment fier de sa nonchalance, accepte un boulot "en attendant": il devient l'assistant d'un écrivain célèbre.

Le temps passe. Le gars n'est toujours pas beaucoup tellement fier de son boulot dans l'ombre, mais son patron s'avère fascinant et son entourage l'est tout autant. Amis, proches collaborateurs et membres de la famille de l'écrivain deviendront autant de prétexte à l'épanouissement de l'employé qui trouvera là des sources de motivation pour prendre place dans la vie, refaire la sienne et se bâtir une nouvelle estime de soi.

Chronique fort divertissante de la vie d'un personnage qui se trouve ennuyeux, Le continent de plastique avait pourtant tout pour me taper sur la rate. Bien que bien écrit, on dirait de l'auteur qu'il emprunte parfois un style très littéraire parce que référant justement à des personnages de ce milieu. N'ayant rien lu des oeuvres précédentes de David Turgeon (qui sont, ma foi, nombreuses), je ne sais trop s'il s'agit de son style habituel ou s'il a ici utilisé de tournures grammaticales à la limite de l'ironie. Si tel est le cas, c'est réussi... mais c'était dangereux. Je réfère ici à l'utilisation de l'imparfait du subjonctif. Vous n'êtes par certain de ce que ça veut dire? C'est normal. Votre site de conjugaison de verbes préféré vous montrera qu'il s'agit là d'un temps de verbe à peu près pas utilisé. Bon, les puristes nous diront qu'il existe, alors pourquoi pas. Oui, mais quand même. Imaginez que vous me jugeassiez sur l'utilisation de verbes que vous vous plûtes à conjuguer comme je viens justement de le faire. Vous me diriez peut-être un peu... prétentieux, ou emprunté? Ça pourrait. Dans son Continent de plastique, David Turgeon en fait parfois usage avec juste assez de retenue pour donner l'impression que l'exercice de style porte ici tout son nom. Enfin, c'est à vous de juger.

Livre fort sympathique, Le continent... contient plusieurs belles scènes. Le déroulement de son action dans des villes aux noms inconnus laisse la place à l'imagination et à l'implantation des décors de votre choix. Ça aussi c'est habile. Seul petit reproche: une fin en point d'orgue qui m'a laissé un peu dubitatif, quoi qu'il y a sans doute là un lien à faire avec le titre, Le continent de plastique, qui référera, tout au long du livre, à une utopie du narrateur. Ce livre tourne justement autour de tout ce qu'on peut bâtir sur pourtant pas grand choses, qu'il suffit d'y croire et se faire confiance pour que surviennent les bons moments, qu'apparaissent les bonnes personnes, et que la vie suive son cours de la meilleure façon qui soit.

Un livre heureux et sans tapage.

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