mardi 17 mai 2016

D'après une histoire vraie, par Delphine de Vigan, éditions JCLattès

Delphine de Vigan a remporté le prix Renaudot pour ce livre en 2015. Dans un certain sens, c'est assez étonnant. Dans un autre, ce l'est peut-être un peu moins, mais je n'en suis pas certain.

En tout cas on en disait beaucoup de bien. Déjà que Rien ne s'oppose à la nuit, son dernier ouvrage, était tout simplement renversant, on s'imaginait mal une récidive aussi forte. C'est peut-être le cas. de Vigan écrit de façon limpide, claire, avec assez peu de dialogues et beaucoup de descriptions. J'adore. Quant à l'histoire, il faut bien le dire, c'est fort. Très fort, mais n'empêche, j'ai eu un peu de mal à avaler. J'ai beau y repenser, me tâter, et encore, y'a un os.

L'auteure raconte une histoire autobiographique qui lui est justement arrivée juste après la parution de son dernier roman. Il faut savoir que ce dernier racontait la vie mouvementée de sa mère, ce qui a irrémédiablement eu des conséquences sur les proches des deux protagonistes, sujet et auteure. Cette dernière trouve difficile de vivre la forte réception qu'on fait à son livre. C'est alors qu'elle rencontre celle qui deviendra sa nouvelle amie. Enfin, si on peut dire, puisque cette nouvelle amie s'immiscera petit à petit dans la vie de l'auteure jusqu'à en prendre le contrôle.
L'intérêt là-dedans est que de Vigan parle de comment elle vit le succès, comment elle perçoit son métier d'écrivain et aussi, et surtout, comment elle fait s'affronter fiction et réalité. Sa "nouvelle amie" lui reproche ses livres antérieurs qui donnent dans la fiction. Selon elle, Delphine devrait faire une suite à Rien ne s'oppose... et poursuivre ses confidences parce que la fiction, eh ben c'est out, les gens n'aiment plus.

Bon.

Quelle histoire, il faut se l'avouer. J'ai pourtant lu le premier tiers de ce livre en me demandant si je me rendrais jusqu'à la fin. Il y avait dans tout ça une part d'invraisemblable qui m'énervait au possible. "Comment, me demandais-je, une femme pouvait se laisser entrainer dans un tel bordel. Pourtant, la narratrice avoue avoir vécu une dépression, épisode pendant laquelle elle a été particulièrement vulnérable. Et pourtant, ni son amoureux ni ses deux enfants, récemment partis de la maison, ne sauront rien. N'empêche qu'à force, j'ai embarqué dans son histoire, jusqu'à passer un après-midi complet à en lire le dernier tiers. Je voulais voir où ça menait. À la fin, oui, ok, j'ai décrété que c'était un bon livre, mais pour une raison particulière, je reste avec un malaise. Et si une telle histoire était invraisemblable pour une raison culturelle, à moins qu'il ne s'agisse de genre? Pourquoi ai-je lu tout ça sans total abandon? En fait,l'auteure a-t-elle écrit une fiction ou est-ce le récit d'une histoire vraie?

Ce livre provoque inévitablement la discussion, et c'en est là toute l'intelligence. Si l'auteure a voulu me laisser avec toutes ces questions: chapeau. Sinon, ben voilà, chapeau quand même.

Si vous désirez en savoir plus, laissez Delphine de Vigan vous l'expliquer elle-même!

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