Il m'arrive rarement de lire des ouvrages parus il y a longtemps. Celui-là est du début des années 80. Écrit par une auteure qu'on décrit comme un des plus grands écrivains norvégiens, c'est le premier d'une trilogie. Je lirai les autres, c'est certain.
Ça se passe quelques années après la Deuxième guerre. On présume qu'on est environ 13 ou 14 ans après cette époque puisque le personnage principale, Tora, est une adolescente née alors que les Allemands occupaient le territoire. Son père était Allemand, et sa mère en a subi les affres. Après la disparition de celui qui fut son amant, elle s'est mis en ménage avec un Norvégien, Henrick.
Il s'agit en fait de l'histoire d'n petit village côtier du nord de la Norvège. Tous triment dur. L'emploi est saisonnier. La mère de Tora ne l'a pas facile, victime non seulement de l'économie, mais aussi de l'opinion qu'ont d'elle les omniprésents habitants du village, et aussi de son nouvel époux, un être sordide, défait, bileux. Or ces personnages habitent une grande maison bourgeoise reconvertie en maison à appartements. Ça a beau être un village, il y a là une promiscuité vraiment particulière, qui apporte autant le réconfort que l'étouffement. Une famille de sept enfants, un célibataire enfermé dans le grenier, Tora, sa mère et son beau-père, et le village.
À plusieurs occasions, j'ai eu l'agréable impression de découvrir un équivalent de l'oeuvre de Michel Tremblay des premiers temps. Non, il ne s'agit pas des Chroniques du Plateau Mont-Royal puisque l'environnement n'est pas pas urbain. Mais il s'agit plutôt de la genèse de quelque chose. On sent que ces personnages iront loin, qu'ils ont un potentiel à se mêler les uns aux autres, mais surtout, immense surprise, on retrouve souvent des dialogues qu'on devine adaptés d'une langue pas nécessairement littéraire. L'auteur, par le biais d'une excellente traduction, donne la parole à ses personnages dans une langue un peu châtiée, raccourcie par plusieurs apostrophes. On sent donc un langage "populaire", pour certains personnages, ce qui donne le ton. Il y a les mieux et les moins bien nantis. Il y a aussi une considération de l'éducation comme investissement dans l'avenir, une certaine considération des étrangers, aussi, et ce qu'ils apportent comme espoir et comme peur. Bref, c'est l'histoire du début d'une nouvelle ère. On voit dans quelle fange tout ça est planté et on souhaite le meilleur à chacun. Or, tel n'est pas le cas pour tous.
Pas urbain, mais très dense, La véranda..., bien que norvégien, diffère de la littérature islandaise. C'est ici moins poétique, moins descriptif, plus sec. Aussi les scènes les plus cruelles font-elles plus mal encore. Mais il y a là dedans un espoir flagrant, porté en majeure partie par les femmes, et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai bien hâte de voir ce qui arrivera à la plupart de celles-ci, beaucoup plus qu'aux hommes, souvent relégués à des rôles moins...attachants. Vous voyez Tremblay, là encore?
Une recommandation de mon libraire, je vous le recommande à mon tour, histoire de sortir de notre époque, non seulement avec le récit, mais aussi à travers celle où le livre a été écrit. Tout est différent, mais on s'y retrouve, ne serait-ce que par les références que j'ai décrites.
Poignant, actif, froid, mais hyper attachant.
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