J'ai constaté, à mes derniers articles qui traitaient d'ouvrages de Stephen King, combien cet auteur générait de circulation sur un blogue comme celui-ci. Aussi en parler rend presque nerveux. Le lire aussi, surtout lorsqu'il excelle. Et lorsque tel n'est pas le cas, on reste déçu. Pas choqué, juste déçu.
Nuit noire... contient quatre nouvelles. Si chacune dispose d'un décor différent, toutes se rejoignent dans le style très Stephen King, oui, mais aussi dans leurs prémices de base. Chaque histoire laisse entendre qu'en chacun de nous existe un "autre", avec lequel il faut composer, qui nous surprend, nous dirige, parfois, vers de tristes desseins. En fait, c'est un peu l'image de bande dessinée du petit ange et du petit démon qui se disputent l'assentiment du personnage. Vers qui tendre? Et à partir du moment où on a fait son choix, à quoi s'en attendre?
Si la première question laisse toutes les possibilités ouvertes, la seconde tend presque inévitablement vers le cliché judéo-chrétien: la bonne action mérite récompense, et la mauvaise, un châtiment. On est quand même aux États-Unis, avec King. En plein dedans, même, mais avec une touche toute particulière, la sienne. Prévisible, mais spectaculaire.
Première histoire: le Nebraska, un fermier qui tue sa femme, les voisins, les commérages. La métaphore est tellement grosse qu'on s'attend à quelque aboutissement complètement déjanté. En fait, ça se termine on ne peut plus sombrement,sans trop de surprise. Mais c'est gore. Très gore. Bon, mais laisse septique.
On est ensuite transporté en Nouvelle-Angleterre (le territoire de chasse de King). Une écrivaine (tiens tiens) donne des conférences dans des patelins pas trop loin de chez-elle. Sur le chemin du retour de l'une de celles-ci, elle se fait prendre dans un guet-appends où elle subit un viol. Son agresseur la laisse pour morte, or, elle ne l'est pas. Vengeance... Ici aussi, l'horrible, le laid, en fait, a beau jeu. Histoire classique qui, comme les autres vous tient tout de même captif. Jusqu'où ira-t-elle? À la fin, pourtant... non, pas encore.
Un homme atteint d'un cancer incurable rencontre un vendeur itinérant qui lui demande de lui vendre son âme en retour de quoi, il lui sauvera la vie. Si l'histoire semble banale, le traitement ne l'est pas, ni l'aboutissement de l'intrigue qui tient de la plus pure, de la plus puissante ironie. J'ai adoré celle-là, qui a quelque chose de grinçant, de critique, même. On y voit bien ce qu'on veut y voir. J'y ai vu une belle critique de la société de l'auteur.
On termine avec une dame qui découvre la vraie identité de son mari après 27 ans de mariage. Évidemment, c'est très laid. Elle devra s'en accommoder, jusqu'à ce qu'elle n'en peuve plus. Un peu prévisible, mais bien ficelé et tout aussi captivant.
Bref, c'est du Stephen King, maître de l'horreur. À la fin du livre, l'auteur s'explique dans une postface. Étonnant et à mon sens plutôt inutile. King nous y explique préférer les personnages ordinaires dans des situations extraordinaires aux personnages extraordinaires en des situations ordinaires. Intéressant. Maintenant, fallait-il vraiment se justifier de "faire de l'argent" avec son métier d'écrivain? Non. Pas à mon sens. Le talent, quel qu'il soit, n'a pas de prix. J'y ai vu quelque règlement de compte avec des commentateurs locaux.
Réconciliation avec Stephen King? À peu près, oui. Dans le genre, il reste un des meilleurs. À tout seigneur, tout honneur. Quant à tout lire de lui, là, c'est une autre histoire.
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1 commentaire:
Cool!
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