dimanche 10 juin 2012

Le Christ obèse, par Larry Tremblay, éditions Alto

Larry Tremblay a écrit ce qui me semble une des pièces de théâtre les plus fortes du répertoire québécois, le Dragonfly of Chicoutimi. D'autres pièces ont suivi que je ne connais pas. Des romans aussi. Mais le Dragonfly était suffisant pour que je lance dans ce livre avec des attentes au mois aussi fortes que les émotions ressenties pendant la pièce. Tel ne fut pas le cas.



Le Christ obèse est un genre de Misery québécois où le soignant, sordide dans sa solitude, fera payer le prix de ses peurs à qui se mettra en travers du premier chemin qui semble donner uns sens à sa vie. C'est un huis clos où trop d'intimité tombera inévitablement dans l'excès, tant d'un côté que de l'autre. Le soignant est encore en deuil d'une mère dominante, le soigné est mêlé à une histoire toute aussi sordide que celle où il se trouve plongé. Les deux personnages sont théâtraux, si je puis me permettre le terme. Tremblay amène l'histoire avec de grosses images, beaucoup d'ombre, du glauque. On se dit que ça va déménager, qu'un coup de théâtre suivra l'autre, alors on continue. Un personnage se confie beaucoup, l'autre pas. Chacun est très tordu, on le découvre avec le temps. Des personnages secondaires passeront, certains en mourront. Ce livre n'est pas ennuyant. C'est glauque, oui, c'est plein de travers, personne n'est beau. Mais rien ne lève. J'ai suivi le bourreau dans son histoire, dans ses angoisses, je me suis mis à sa place autant que j'ai pu, mais trop d'incongruités m'ont fait perdre mon attention. Cette histoire n'est pas nouvelle son traitement est inventif, mais quelque chose fait que je n'y ai pas cru. Un autre exemple de huis clos, le film La jeune fille et la mort. Un a le dessus sur l'autre, mais les deux sont tordus. Et puis? Malheureusement, Tremblay de réinvente pas le genre.



Les personnages du Christ obèse auraient dû se retrouver sur une scène. Je suis certain que cet excellent auteur aurait pu les y placer dans un air de fin du monde, dans autant de laideur que le fade puisse en créer, comme son roman le montre. Mais là, les mots n'ont pas suffi. Pas indigeste, mais une certaine sauce n'a pas pris. Je m'explique mal, parfois, pourquoi un livre pourtant prometteur ne me rejoins pas. En voici un bon exemple. C'est toujours un peu triste.

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