
On se souvient tous du premier Stephen King qu'on a lu. Et sans doute des autres qui ont suivi. Pourquoi on a cessé de le lire, ça, on l'a un peu oublié. C'est que bon, hein, la vie continue, quoi. On vieillit, on passe à autre chose. En pensant à ça, il me semble que j'ai bien vieilli. Mais pas lui. Pas Stephen King.
L'occasion était belle de se taper un bon vieux Stephen King. Y'avait longtemps. Mais on dirait que le nom de l'auteur s'est Disneyifié, c'est devenu une marque, bien au-delà de l'homme. déchirez les 20 premières pages, donnez-les à un quelqu'un et demandez-lui de quel auteur il s'agit. Les chances sont bonnes qu'il le devine. Stephen King est à peu près aussi prévisible que le lever du jour.
Rien n'a changé. Le héros entre en scène assez tôt. Non, mais non, voyons, il ne mourra pas. Et les méchants... ah eux. Ils sont laids, du genre un peu défaits, tendent vers la folie... Non, ce n'est pas un film américain. Mais c'est comme si.
Une petite ville du Maine (y'a vraiment des choses qui ne changent pas...) se retrouve soudainement recouverte d'un dôme. Pas moyen de le traverser ni d'un côté ni de l'autre. Alors les habitants deviennent prisonniers de leur bled alors que de l'autre côté, on s'inquiète.
Oui, l'idée est bonne. C'est prétexte à métaphore, à porter une loupe sur une micro-société, à observer le comportement animal. En fait tout ça arrive. Imaginez quelque chose qui pourrait arriver si un dôme recouvrait votre ville. Stephen y a pensé lui aussi. Alors c'est pas trop long que ça gicle, ça s'en veut et ça se déploie l'instinct de survie à qui mieux mieux.

C'est dommage. Stephen King a été une institution. Ses histoires ont fait le tour du monde, sa renommée a été amplement méritée. Son style a été maintes fois imité, tant en termes de romans que de sénarii de films. les formules ont plus ou moins marché, les siennes ont fait quantité de tabac puis, avec le temps, ça s'est étiolé, comme si la marque de commerce avait pris le dessus sur le talent. Divertissant, oui ça l'est, mais comme un hit de boysband à la radio, ça ne reste pas. Les clichés font leur effet, et tiens, ah oui, il y a bien quelque chose de nouveau avec le Dôme: les méchants sont religieux, control freaks et maniaques de sécurité. Ah, la démonisation du bon vieux modèle du conservateur de droite. Toujours efficace.
Bon ça va. À tant ironiser sur une ancienne idole de jeunesse, ça devient déprimant. Car oui, j'ai déjà aimé Stephen King à attendre ses nouveaux titres avidement. Christine, It, Les Tommynockers, le Cimetière des animaux, tout ça a joué fort sur mon imaginaire de jeune lecteur. Mais plus maintenant.
Fin d'une époque, j'imagine.