dimanche 25 décembre 2011

The Final Testament of the Holy Bible, par James Frey, éditions Gagosian


Je vous parle d'abord "d'édition spectacle". Le livre est vendu dans un coffret qui fait office de page couverture avec l'habituelle affiche criarde auxquelles les maisons d'édition anglo-saxonnes nous ont toujours habitué. À l'intérieur, le bouquin est noir, d'un genre simili-cuir et la bordure des pages est argentée. Le bouquin ressemble à peu de choses près aux éditions de la bible laissée dans les tiroirs de chambres d'hôtels américains. À l'intérieur, le texte référant aux paroles du personnage principal est imprimé en rouge, en opposition au reste du texte qui est en noir. Voilà, vous êtes fixés.

L'auteur n'est pas piqué des vers non plus. Il y a une dizaine d'années, il semait la contreverse pour avoir "avoué" publiquement avoir écrit une fausse auto-biographie. Il a mené en bateau la richissime star des médias américains Oprah Winfrey qui ne l'a pas pris du tout. Débats, haut cris dans les journaux, accusations de toutes sortes ont suivi. La réalité de James Frey a dépassé la fiction de l'info-spectacle. J'aime.

Or je n'avais rien lu de lui, et je tombe là-dessus. Des personnages très typés racontent chacun à leur manière comment ils ont connu un certain Ben. Chaque témoin est issu des idées que la moyenne des Terriens se font du peuple américain. Les personnages sont gros, sans subtilité aucune. Chacun se raconte à sa manière, dans sa propre langue. Les bons sont rares, les méchants sont évidents, les victimes sont partout. On dirait quasiment une histoire cartoonesque, quelque chose de super héros de bande dessinée. Or c'est passionnant. On avance. Chaque couleur de chaque personnage s'ajoute. On se croirait dans une quincaillerie où la palette de couleurs se résume aux couleurs du spectre, c'est tout. Chacune est typée, puis se dessine un lien. Qui est ce Ben? Quel est-il? Alors une couleur se démarque alors que les autres se mélangent. C'est très, très fort.

J'ai d'abord cru à un autre Bret Easton Ellis, mais non. Le show est gros, les coups de pinceaux donnent plutôt dans le coup de rouleau, mais pourtant... On se dit qu'il y va fort, très fort. Et oui, justement, il y va fort. James Frey prend ici un des mythes fondateur du peuple Américain, une des bases de ce qu'est en train de devenir ce peuple. Il enlève tout ce qu'il y a autour et zoome sa caméra direct dessus: et si on allait jusqu'au bout de tout ça? Et si justement, ça arrivait?

Je ne saurais en dire plus pour vous laisser là d'où je suis parti en commençant "The Final Testament...". Vous aurez compris qu'il est question de religion, mais attention, révisez vos clichés. Frey vous les montrera tels qu'ils existent dans votre imaginaire, dans vos idées, les soulèvera de chapître en chapître pour finalement les laisser tomber avec fracas au fur et à me mesure qu'il donnera la parole à son personnage principal. Au sortir de ce livre, on est knock-out. L'oeuvre est magistrale.

Soyez certains que ce roman ne sera jamais, au grand jamais porté à l'écran. Cette histoire en dérangera plusieurs et provoquera plusieurs choses tant hostiles que favorables. Pour ma part, ce livre provoque chez-moi des questionnements, mais aussi des désirs, et ça c'est très fort.


Découverte immense, je recommande chaudement "The Final Testament..." à qui veut se faire brasser, à qui veut découvrir le meilleur de ce que la littérature américaine a offrir, dans un style qu'on trouverait difficilement ailleurs sur la planète. Je reconnaît ici le talent immense de James Frey et me promet de ne pas rater ses prochaines productions.

Notez enfin que j'ai lu ce roman dans sa version originale en anglais. Traduit en français chez Flammarion, j'ai vu de mauvais commentaires sur sa traduction et aussi et surtout, sachez que le titre français a été rendu comme suit: Le dernier testament de Ben Zion Avrohom. Quiconque lira ce livre constatera l'insulte à l'intelligence que les éditeurs francophones ont réservé à leur public en utilisant un tel titre. Ce seul mauvais titre retire toute l'essence même de ce chef-d'oeuvre de James Frey. Aussi, même si vous choisissez la version française, laissez-moi vous prier de garder à l'esprit le titre anglais de cet ouvrage. Adressez ensuite une lettre d'explications à Flammarion.

J'ai bel et bien dit "chef-d'oeuvre", oui. Un de mes meilleurs livres de l'année. Quels beaux moments de lecture!

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