dimanche 22 mai 2011

The Imperfectionists, par Tom Rachman, éditions Anchor Canada


Je ne sais pas à quel point TOUT LE MONDE en a entendu parler. Comme tout succès (ou potentiel de succès) littéraire anglo-saxon qui ait été, on a monté ce titre en haut de toutes les scènes marketing efficaces et populaires. Est-ce que le lecteur du Da Vinco Code et de Harry Potter a eu envie de se procurer The Imperfectionists pour autant? Si non tant pis pour lui, c'est dommage, il aurait aimé. Et la couverture... je ne peux m'empêcher d'en parler. L'illustration sur les versions en français et en anglais est la même. Seule différence: sur l'édition anglaise que je me suis procurée, il y a les 4 ou 5 inévitables citations des médias du style "Ashtonishly good" - The New York Times. "Brilliant!" - The Washington Post. Mais pourquoi y font ça?? Les clients n'ont pas l'impression que c'est comme des rires pré-enregistrés, ça, que c'est n'importe quoi? Dites, avez-vous déjà choisi un livre parce que les citations de journalistes inconnus sur le dessus étaient écrites en 72 points, caractère gras? Non mais on nous prend pour qui?

La littérature anglo-saxonne fascine dans sa proximité avec le monde des écrans. Lorsque je lis le roman de la plupart des auteurs européens, québécois ou de toute autre nationalité qu'américaine, je n'en projette pas instantanémentl'histoire sur un écran. Or, voilà ce qui m'est arrivé pour The Road il y a quelque temps, et maintenant, pour The Imperfectionists. Écrit pour la télé ou pas, on retrouve un montage serré, des personnages grossièrement découpés et aussi et surtout des dialogues aussi aiguisés qui soient. Résultat avec le livre de Rachman: on rit haut et fort devant son livre, on marche avec lui et lorsqu'on le referme... ben voilà, c'est terminé. ne reste plus rien. C'est pas transcendant, ça ne va pas me trotter dans la tête pendant 24 heures, mais j'ai passé un bon moment.

Ici, Tom Rachman décrit le milieu schizophrène des communications, plus particulièrement d'un journal. D'entrée, le titre est brillant, totalement brillant: les Imperfectionistes (c'est le titre de la traduction française chez Grasset). Dans un milieu où l'atteinte de la perfection n'a de valeur que la façon dont on parle de son propre perfectionnisme, on comprend vite que chacun travaille dans le sens de maquiller ses imperfections, d'où la constante impression de travailler avec des cas lourds de bipolarité ou de mésadaptés sociaux. Rachman prend le journal comme prétexte pour décrire, à chaque chapitre, une série de personnages reliés entre eux par le travail. Chacun est présenté sommairement à travers un tableau fort et souvent à la limite du rocambolesque, tout ça parsemé de dialogues comme seuls les auteurs américains savent en faire. Mettez-moi tout ça dans un gabarit d'une maison de production, filmez chaque tableau et vous en ferez une série à succès, c'est certain. Un seul des tableaux, où un correspondant à l'étranger junior sorti de l'université reçoit le correspondant senior du style Rambo, qui a tout vu, tout fait, tout vécu... absolument tordant.



La valeur littéraire d'une telle entreprise est quand même valable. Le style de Rachman ne réinvente rien mais montre bien combien un texte "bien épuré", sans métaphores, sans pensées profondes, mais tout en action, fonctionne. J'ai peut-être terminé le livre un peu lentement, les deux derniers tableaux n'ayant pas été mes préférés, même que bon... j'ai retrouvé là un bon vieux cliché du cinéma américain avec ses personnages "étrangers" complètement fêlés ou tout bonnement cons, et le bon mec américain un peu maladroit, victime des autres, et finalement, un modèle à suivre parce que eh, après tout, c'est lui le bon gars parce qu'il est comme vous et moi, non?

M'enfin... Pour un bon divertissement pendant les vacances, offrez-vous The Imperfectionists. Si par contre le bling-bling, les scripts de film et ce monde qui va trop vite vous tapent, passez à autre chose.

1 commentaire:

Laurent a dit…

J'ai adoré ce livre. Tour en riant avec lui, je savais que je riais aussi un peu de moi. C'est gênant, mais c'est ça.