dimanche 29 août 2010
La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler, par Michel Folco, Éditions Stock
Ah, Folco! On se le procure maintenant sans lire la quatrième de couverture. On le prend tel quel et cette fois-là, on lui aura même pardonné un titre juste assez long pour qu'on puisse s'en rappeler difficilement... sauf de la dernière partie, bien entendu.
N'est pas donné à qui le veut de faire naître un personnage réel d'un univers fictif. On aura souvent lu des histoires fictives de personnages réels qui concernent le plus souvent des gros noms. Jésus et Hitler (drôle de couple) sont de ceux-là. Schmidt s'est essayé avec succès sur les deux. Au Québec, Beauchemin a romancé Jésus, en Espagne, Mendoza y est allé de son grain de sel. Ceux-là sont récents. On n'imagine même pas combien ont alors dû le faire avant.
Et maintenant, Folco.
Il fait descendre Hitler des Tricotin. Idée intéressante qu'il avait déjà annoncé dans l'excellentissime "Même le mal se fait bien". Donc, on a ici un personnage méconnu dans sa jeunesse mais combien connu pour ses affres d'adulte. Nous nous sommes tous fait une idée d'hitler. En fait, rares sont les personnages historiques à autant faire l'unanimité dans l'opinion publique. C'est là, sans nul doute, où résidait le défi que Folco s'était donné: le personnifier ailleurs que dans le pan de l'Histoire qu'il incarne, le déplacer dans des décors de carton pâte parmi d'autres personnages dont chacun se sera fait une idée. Or, ces personnages, on les connaît: lourdauds, débonnaires, souvent cyniques, jamais inutiles. Alors comment introduire un visage connu parmi ce cirque?
Folco le fait bien, à sa manière, dans ses mots. Fort heureusement d'ailleurs, parce que si les mots sont justes et les regards tout aussi acerbes qu'avant, les frasques sont peut-être ici un peu moins rocambolesques qu'elles avaient l'habitude de l'être. Le pauvre Adolf ne l'a pas facile, non, et ses traits de caractères ne sont pas sans rappeler ceux de ses aïeux fictifs. Toutefois, ses aventures sont plus lentes. Ce cinquième épisode de la saga des Tricotin s'avère à mon sens le moins théâtral. Bon, on portera encore à rire, quoi que là encore, on est peut-être un peu déçu que Folco ait recours aux pets pour y parvenir, formule qu'il utilise dans les deux premiers tiers du livre pour l'oublier dans le dernier. On réfléchira aussi sur le désir, sur l'influence des mères, aussi. En fait, on croirait quasiment Freud en arrière-scène tellement le pauvre Adolf est tourmenté. Notons au passage une référence au père de la psychanalyse absolument délectable, "à la Folco", qui pimente une histoire goûteuse, mais pas autant qu'avant.
Il y aurait beaucoup à dire sur "La jeunesse mélancolique...", encore qu'on n'a plus à présenter son auteur. Je laisse aux fans en discuter sur des forums qui doivent porter sur son oeuvre. Je laisse aussi aux critiques le soin de dire qu'ils ont encore aimé. Donnerions-nous déjà à Folco le Bon Dieu sans confession? Je vous le demande.
Pour ma part, je reste sur ma faim... et me demande bien ce qui suivra ça, Monsieur Folco!
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