
Non mais à quoi à pensé l'éditeur? Le livre est le plus lourd que j'ai jamais acheté. J'ai des dicos plus légers. Bon, vous me direz, j'aurais pu attendre l'édition de poche ou en chercher une autre, sachant que la Trilogie... a d'abord été publiée à la fin des années '80. Mais voilà, y'avait que cette édition chez mon libraire. Impossible à trainer dans son sac, beaucoup trop lourd. Et à la maison, y'avait pas 36 façons de le manipuler, en se coupant les paumes ou ressentant une fatigue au bras après quelques minutes. Un livre, c'est quelque chose qui bouge, faut se le rappeler. Et oui, y'a des ouvrages de plus de 800 pages qui sont beaucoup plus légers.Infiniment plus légers. Allez voir dans une librairie anglo! Non mais vraiment, il faut le dire. Ces modèles sont vraiment trop. À quoi pensent les éditeurs francophones?
Ceci dit du contenant, voyons le contenu. Du policier, dans tout son sens, toute sa splendeur et dans tous ses clichés. Un maître de jeu: inspecteur privé, bien entendu. Rien n'arrête ce cher Bernie, rien ne lui fait peur. S'il se retrouve dans quelque situation impossible, il saura toujours pousser une bonne craque. Buveur, célibataire tombeur de ces dames, s'allume une cigarette à toutes les deux pages ou à peu près, Bernard Gunther n'a rien à envier à tous les personnages qui peuplent les policiers depuis que le genre existe.
Non, je ne suis pas un fan de policier, mais il valait la peine de se taper celui-là pour une raison particulière: l'ambiance, le décor, celui du Berlin de juste avant et de juste après la 2e guerre. Après avoir lu Les Bienveillantes, j'avoue avoir eu la sensation de retourner dans un endroit connu, glauque comme nulle part ailleurs, mais décrit dans le moindre détail, dur mais fascinant.
La Trilogie... ce sont trois histoires, trois enquêtes de Bernard Gunther. Ses personnages sont souvent des noms connus: Himmler, Nebe, Müller. Quant aux fils de l'intrigue, n'étant pas un amateur, j'ai souvent été perdu, parce que pour aller d'un point "a" à un point "b", dans le policier, c'est rarement la ligne droite... Rien à redire, toutefois, sur l'écriture et la traduction. C'est efficace, froid, teinté de l'humour noir du genre, mais encore une fois, qu'il me soit donné de souligner la recherche, la connaissance d'une ville qui n'existe plus telle que décrite. Et pourtant on la traverse de bord en bord, rues par rues, pièces par pièces. Excellent voyage dans le passé, original par sa mise en situation, mais pas par son propos. Essentiel pour les amateurs, belle curiosité pour les autres.