mardi 22 avril 2008
Les intermittences de la mort, par José Saramago, Éditions du Seuil
Une des joies de la vie est de se faire complimenter. Que ce soit pour une raison ou pour une autre, recevoir une reconnaissance fait toujours du bien. Dorénavant, ce sera la raison pour laquelle je lirai Saramago. Le Portugais se fait vieux, oui, mais il lui faut continuer à écrire. Saramago est un hommage à l'intelligence du lecteur, quelqu'il soit. Le lire, c'est parler avec une vieille âme lucide qui a vécu, un esprit vif et caustique qui vous incite à lire entre les lignes, que vous le vouliez ou non.
Dans Les intermittences de la mort, il met en scène un pays où on arrête de mourrir. Plus personne ne meurt, alors qu'arrrivera-t-il? Qui fera quoi, et comment? Les hospices et les hôpitaux, les compagnies d'assurances, les malades, les vieux? Il faut lire certains passages où des religieux expliquent leur désarroi pour se faire une vue nouvelle sur les intentions préalables et historiques des bonzes des religions. Et c'est sans compter l'explication si claire où Saramago démontre l'existence des mafias qui, soutient-il, fait ce que les pouvoirs publics n'osent plus faire en passant avec ces mêmes pouvoirs des accords plus ou moins tacites. La vie expliquée comme on ne vous l'a jamais fait avant. Après avoir lu ça, vous ne lirez plus les journaux ni n'écouterez les bulletins de nouvelles comme vous le faisiez avant.
Ai-je besoin de vous dire combien il est passionant de lire Saramago? On sourit souvent, aurant de joie que d'entendement. Et si sa syntaxe nous bouscule aux premières pages (les virgules sont des points, les phrases sont des paragraphes et les paragraphes, des chapitres), on s'y habitue et on se laisse mener en bateau.
Avant Les intermittences..., je n'avais lu que La lucidité, un autre Saramago sorti des mêmes eaux, celles du divertissement pur, de ce que la littérature a de plus beau.
Chapeau bas, José Saramago, et encore!
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