C'est de l'auto-fiction, et ça frappe fort. Et c'est d'autant plus incroyable que ce qui nous bouleverse, au-delà de l'histoire d'un personnage (le frère de l'auteur), c'est de vivre avec l'auteur comment il a découvert et réalisé toute l'ampleur de cette histoire avant de nous la faire lire.
Grégoire Delacourt n'a pas vu son frère pendant 30 ans. Ce frère meurt tragiquement peu de temps après leurs retrouvailles. Son décès révèle une détresse que ceux qui restent (l'auteur et sa soeur) découvrent peu à peu. Le dévoilement de cette détresse est au centre de ce récit. Une détresse, ça se voit facilement, mais ça se perçoit mal. D'où ça vient? Est-ce récent ou enfoui dans le passé? Est-ce une façon de se faire remarquer ou une vraie douleur profonde? C'est ce que Grégoire Delacourt partage avec nous. On avance avec lui, et comme lui, on est bouleversé et vraiment touché. On l'aurait été si cette histoire avait été inventée, mais de savoir qu'elle est vraie nous chamboule encore plus.
Cette histoire pas comme les autre est pourtant racontée toute en douceur, par de courts paragraphes ou chapitres, les fameux "polaroïds". Non, ce n'est pas un descriptif de photos. Une seule fois, il y en aura un, un vrai polaroïd. Ce sera un des moments touchants de ce livre. L'écriture est simple, limpide et émouvante.
On avance donc avec des histoires parallèles:, celle de l'enfance de la fratrie, celle du décès de l'un d'eux, et celle de la période qui la suit. On va de l'une à l'autre sans se perdre, et nos sentiments évoluent en même temps que ceux de l'auteur.
Grégoire Delacourt nous informe qu'un de ses plus récents livres raconte une portion de sa vie à lui. Je ne l'ai pas lu, mais on le devine assez percutant, sachant que la portion de vie en question raconte une enfance blessée. Tout ça lui revient en pleine face avec ce nouvel épisode de sa vie. Ça ne laisse pas indifférent, je vous le jure.
Bref, c'est de l'auto-fiction sans bling-bling et sans nostalgie douceureuse. C'est une histoire "rentre dedans" fort bien racontée par un écrivain qui sait nous garder captif. Un beau moment de lecture, dur, mais superbe.
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