L'avenir nous le dira, mais à mon sens, c'est une pépite. J'ai hâte de voir comment ce livre, ou à tout le moins l'impression qu'il m'a faite, me restera en tête. En tout cas, le bien que j'en ai lu est justifié.
C'est de la poésie qui rassemble des pensées bien concrètes et qui tournent autour de la perception de ce qui nous entoure et de comment ceux qui nous entourent nous perçoivent. Les réflexions de l'autrice sont si justes qu'il me semble que ce recueil tient autant de la philosophie que de la poésie. Ses pages parlent des trop et des silences des autres, de ce qui nous emporte, et de ce qu'on garde pour soi. On se joint à ses réflexions, on se met à sa place. Pour ma part, cette lecture m'a fait me regarder dans le monde, voir quand et pourquoi je fais parfois trop de bruit, ou lorsque je devrais parler plutôt que de me taire.
Car il est beaucoup question de la parole, celle qu'on échange, qu'on entend et qu'on suppose. Cet univers plus près du son que de la lumière m'a sans doute beaucoup rejoint. Et pourtant, l'autrice parle souvent de "rejoindre le noir", qui apparaît souvent comme un refuge, et pas nécessairement négatif.
La force de cette posée est aussi son accessibilité. Je le recommanderais à plusieurs qui, comme moi, lisent (trop?) peu de poésie, ne serait-ce que pour les réflexions et le bien qu'elles procurent.
J'avais besoin d'une pause, j'ai pensé à un livre de poésie et celui-là m'est arrivé avec beaucoup d'à propos. Pas besoin de vous dire que je le recommande vivement.
Maintenant, je me permets de souhaiter lire une histoire racontée par Camille Readman Prud'homme, avec la même sensibilité et le même regard porté sur des personnages que celui qu'elle pose sur elle et le monde qui l'entoure. Ce serait assurément hyper agréable à lire.
mardi 11 mars 2025
samedi 8 mars 2025
Jour de ressac, par Maylis de Kerangal, éditions Verticales
Gros coup de coeur pour une autrice que je ne connaissais pas. Une enquête est prétexte à une femme de retourner sur son enfance et son adolescence mais surtout, dans sa ville d'origine. Du coup, ce livre devient un hommage à la ville en question, qui devient le personnage principal, et c'est superbe.
La ville, c'est Le Havre, un grand port sur la Manche qui a la particularité d'avoir été détruit pendant la Deuxième guerre mondiale. Sa reconstruction en a fait une ville avec une réputation peu enviable d'être moche, bétonnée, industrielle, et qui plus est, battue par le vent et la pluie. Perso, rien qu'avec ça, c'était bien parti. Assez des grandes capitales.
Sachant que le livre était bâti autour d'une enquête, le pas-vraiment-fan de polars que je suis avait ses appréhensions. Mais celle enquête m'a parue douce, originale, et son dénouement m'a beaucoup touché.
Tout ça est porté par une écriture hyper sensible aux autres et à ce qui les entoure. Maylis de Kerangal a un don incroyable pour décrire des lieux. Ici, les décors créent les personnages. C'est comme si les personnages vivaient un résultat de leur environnement. On a donc du gris, de la rudesse, mais celle des éléments, pas des gens. Et comme ces éléments sont naturels, les personnages le sont aussi. Ce naturel se sent partout, de la patience résiliente d'un policier jusqu'à l'accueil empathique d'une tenancière de bar pourtant réservée. Quels beaux personnages.
Mais là encore, d'une marche sur un quai battu par les vagues, la pluie et le vent, jusqu'à une conversation dans une auto qui traverse une autoroute pendant que le jour se couche sous la pluie (encore), les décors m'ont complètement emportés. L'autrice nous prend par la main pour redécouvrir la ville de son enfance avec nous, et c'est un réel plaisir.
Bon, ceci dit, de Kerangal est de celles qui se laissent aller parfois avec des phrases qui s'étendent sur presque deux pages. Au début, on manque un peu de souffle, mais à force, une fois qu'on a trouvé son rythme, ça se lit bien.
Vous aurez de belles heures de lecture pendant ce Jour de ressac.
La ville, c'est Le Havre, un grand port sur la Manche qui a la particularité d'avoir été détruit pendant la Deuxième guerre mondiale. Sa reconstruction en a fait une ville avec une réputation peu enviable d'être moche, bétonnée, industrielle, et qui plus est, battue par le vent et la pluie. Perso, rien qu'avec ça, c'était bien parti. Assez des grandes capitales.
Sachant que le livre était bâti autour d'une enquête, le pas-vraiment-fan de polars que je suis avait ses appréhensions. Mais celle enquête m'a parue douce, originale, et son dénouement m'a beaucoup touché.
Tout ça est porté par une écriture hyper sensible aux autres et à ce qui les entoure. Maylis de Kerangal a un don incroyable pour décrire des lieux. Ici, les décors créent les personnages. C'est comme si les personnages vivaient un résultat de leur environnement. On a donc du gris, de la rudesse, mais celle des éléments, pas des gens. Et comme ces éléments sont naturels, les personnages le sont aussi. Ce naturel se sent partout, de la patience résiliente d'un policier jusqu'à l'accueil empathique d'une tenancière de bar pourtant réservée. Quels beaux personnages.
Mais là encore, d'une marche sur un quai battu par les vagues, la pluie et le vent, jusqu'à une conversation dans une auto qui traverse une autoroute pendant que le jour se couche sous la pluie (encore), les décors m'ont complètement emportés. L'autrice nous prend par la main pour redécouvrir la ville de son enfance avec nous, et c'est un réel plaisir.
Bon, ceci dit, de Kerangal est de celles qui se laissent aller parfois avec des phrases qui s'étendent sur presque deux pages. Au début, on manque un peu de souffle, mais à force, une fois qu'on a trouvé son rythme, ça se lit bien.
Vous aurez de belles heures de lecture pendant ce Jour de ressac.
Inscription à :
Articles (Atom)