mardi 9 novembre 2021

Les ombres filantes, de Christian Guay-Poliquin, éditions La Peuplade

Le personnage du Fil des kilomtres et du Poids de la neige poursuit sa course. La même atmosphère de crise mondiale persiste en trame de fond: les communications sont coupées, l'électricité manque. Les gens ont opté pour le mode survie et c'est chacun pour soi. C'est là-dedans qu'avance notre protagoniste. Après avoir traversé un pays en voiture et affronté l'hiver dans les autres livres, le voici en forêt par un été chaud.

Les décors de Christian Guay-Poliquin sont sobres, mais il les connaît finement, tellememt qu'il en fait des personnages. Ici, la forêt n'a rien de bucolique ni de mythique. C'est un environnement anarchique, comme le monde dans lequel se déroule l'histoire, où dangers et abris se cotoient. En fait, cet auteur décrit la forêt avec un oeil intéressé, curieux, sans filtre émotif, et c'est un des éléments qui rendent ce livre aussi captivant.

L'angoisse, aussi, sans la peur, quoi qu'elle apparaisse de temps en temps, fait aussi partie de ce qui nous retient. Parce que l'anarchie dans laquelle Guay-Poliquin fait évoluer ses personnages et comme en en arrière-scène, mais elle recouvre tout, particulièrement les relations sociales. La crainte est partout. Celle du personnage principal, en tout cas, est manifeste, et sa traversée de la forêt a un but: rejoindre une partie de sa famille, qu'il rejoindra, mais à quel prix?

Et il y a aussi ce second personnage principal qui se joint au premier. Sans le décrire, disons que l'auteur le rend savamment intriguant et imprévisible, mais attachant. On verra le monde différemment à travers lui, et ça aussi, c'est réussi.

Christian Guay-Poliquin dépeint très bien la complexité des relations qu'on a avec nos proches. Amour et haine, dépendance et besoin de se détacher, se trouver des points en commun et tenir à se distinguer: c'est à travers tout ça que nos deux personnages avancent, et c'est fort bien amené.

Notons enfin que ce troisième livre des aventures d'un même personnage se déroule cette fois en été, qui devient aussi une part importante de ce qui se passe. Comme pour la forêt, comme pour les humains que l'on côtoie, la saison chaude a ses avantages et ses méfaits.

L'auteur a dit de ce livre qu'il était le dernier d'une série de trois. On le voit bien avec la fin, touchante, mais emmenée peut-être un peu rapidement. Reste que tout aussi habilement que tout ce dont il parle, Guay-Péloquin laisse une petite porte ouverte, une possibilité de penser que peut-être, çca pourrait ne pas être terminé.

Quoi qu'il en soit, Les ombres filantes sont dans la continuité du style que cet auteur a développé et qui lui vaut des compliments mérités. J'ai maintenant hâte de voir quels nouveaux scénarios il saura tramer avec ses ambiances brumeuses... à moins qu'il sache nous en créer d'autres, complètement différentes, mais tout aussi attirantes.

Aucun commentaire: