jeudi 3 juin 2021

La patience du lichen, par Noémie Pomerleau-Cloutier, éditions La Peuplade Poésie

Jusqu'ici, mes choix en matière de poésie sont excellents. Soit j'ai la main heureuse, soit je suis un (nouveau) fervent lecteur de poésie. Un troisième confirmera peut-être tout ça, mais ce deuxième a eu tout pour me plaire.
D'abord, La patience du lichen est un fabuleux guide de voyage. On y suit l'autrice au fil d'une traversée des communautés de la Basse-Côte-Nord, entre Kegaska et Blanc-Sablon. Chaque chapître a le titre d'un village et presque chaque page contient le portrait d'une personne rencontrée. Noémie Pomerleau-Cloutier raconte en effet avec une sobriété de mots son périple à travers les histoires que les habitants du lieu lui ont raconté.

Le tour de force de ce livre réside d'abord dans ce peu de mots. On est stupéfaits que d'une quizaine de courtes phrases, environ, qui sont autant le strophes de quelques mors seulement on puisse se faire le portrait d'une personne, d'un épisode antérieur de sa vie et de sa situation actuelle. Les bons mots mènent directement aux bonnes émotions, tellement qu'on se demande presque, en terminant le livre, si on ne vient pas de terminer un livre d'images.

Doux, calme, sans aucune prétention, ce recueil se lit page après page ou, pour les plus avides, un chapitre (ou village) après l'autre. C'est fou de constater combien un recueil de poèmes vous impose un rythme. Au début, on trébuche un peu justement parce qu'on n'a pas encore trouvé ce fameux rythme mais une fois qu'on y est, on s'étonne de constater combien chaque mot, chaque strophe est clair. Et c'est d'autant plus étonnant que des portions de texte sont écrites en anglais et en innu.

Pour ce livre, en tout cas, pas de questionnements exisentiels, pour ma part en tout cas. Je veux dire par là que jamais je ne me suis demandé ce que l'autrice voulait dire. À la fin de chaque page, on a une idée limpide, un portrait juste. Du bonheur de retrouver sa terre à la tristesse de voir les autres partir, en passant par la nostalgie ou le le simple fait de vivre le moment présent, chaque portrait, chaque situation nous ramène à une émotion connue. C'est une écriture très sensible et franche.



Vivement recommandé pour tout lecteur féru de poésie ou novice en la matièere, j'ajouterais comme public cible toute personne désireuse de faire connaître son coin de pays par l'entremise d'une chroniqueuse poète. Quelle façon originale et franchement efficace de donner l'envie de parcourir un territoire. Décideurs, proposez à Noémie Pomerleau-Cloutier un périple dans votre arrière-pays. En tout cas, pour ma part, j'irais bien passé quelques jours, voir quelques semaines en Basse Côte-Nord... en lisant de la poésie.

Quelle belle réussite!

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