samedi 12 décembre 2020

Sabrina, par Nick Drnaso, Drawn & Quaterly éditeurs

C'est une bande dessinée, mais ça pourrait aussi être un roman, un film ou un podcast. Ça ne ressemble à rien et ça m'a soufflé tellement c'est bien fait.

Sabrina disparaît. Ses proches sont consternés. surtout son copain et sa soeur. Rendu apathique, vidé, presqu'une larve, le copain de Sabrina ira se réfugier loin de chez-lui chez un ami d'enfance qui travaille dans l'armée. Devenu seul à la suite d'une séparation, ce dernier accueillera son ancien ami le plus simplement du monde, en se sachant pas trop quoi en faire, mais avec beaucoup d'empathie.

Pendant ce temps, la soeur de Sabrina tente elle aussi de se vivre, mais c'est difficile.

Au fil du temps, un événement fait que tout dérape, pour tout le monde. L'événement en question est médiatique et s'ensuivent toutes les conséquences que vous pourriez imaginer.

Sabrina est une chronique de notre temps présent qui a l'originalité d'être racontée pudiquement. Il est facile de s'emporter lorsqu'on aborde les sujets décrits pas Drnaso dans cet incroyable livre. Mais pas là. La sobriété est telle qu'elle nous hypnotise, et le scénario est si efficace qu'on élabore les théories de ce qui a bien pu arriver au fil des pages.

Sabrina se termine comme il nous a porté: doucement. C'est en tournant la dernière page qu'on se rend compte combien on est sous le choc. Cet habile scénario oppose l'empathie et la démagogie. Il nous donne à réfléchir sur notre vie médiatique personnelle. Parce que oui, nous somme tous, de plus en plus, le produit de l'information que nous consommons. Ce que ça donne comme produit, c'est à chacun de nous, mais aussi à nos proches de le définir. C'est ça, Sabrina, et c'est absolument fascinant.

Le dessin est sobre. Je dirais même que les personnages sont dessinés avec vulnérabilité. La langue est simple et le sujet, passionnant.

Sabrina est aussi édité en français aux éditions Presque Lune.

À ne pas manquer. Quel livre réussi.

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