mercredi 23 septembre 2020

Smith & Wesson, par Alessandro Baricco, éditions Gallimard

Il fallait seulement mon amour inconditionnel de Baricco pour m'emmener sur le chemin peu fréquenté de la lecture d'une pièce de théâtre. On est assez loin de Novecento, pianiste, son autre pièce puisqu'on a ici des dialogues. et non un monologue. On reste toutefois dans l'univers Baricco, avec des personnages décalés, à part du monde, trop ci ou pas assez ça, à qui il arrive des choses qui ne pourraient sortir que de l'imagination débordante d'Alessandro Baricco.

Ça se passe à Niagara. Smith, qui arrive en ville, va cogner à la porte de Wesson, un personnage local, connu pour sa relation particulière avec la tumultueuse rivière et ses chûtes. Le visiteur est un météorologue. Il fait des prévisions météorologiques en se basant sur des observations faites jour donné pendant les années suivantes. Il collectionne donc les mémoires des gens pour savoir quel temps il faisait un tel jour il y a x années. On reconnaît bien là une quête à la Baricco... 

Référé par une tenancière locale, il vient donc à la rencontre de Wesson, et les deux jasent, se présentent. Arrive un troisième personnage, lui aussi référé aux deux premiers, par la même tenancière locale. C'est par ce troisième personnage qu'on aura une autre présentation des deux personnages d'origine. Qui sont-ils vraiment? C'est en le découvrant que ce troisième personnage proposera aux deux autres d'embarquer dans un projet de fous.

Avec les mots de Baricco, c'est souvent drôle, du tac au tac. L'onirisme qui parfume ses romans s'exprime ici vers la fin de la pièce. Le dénouement a tout pour être tragique, mais guidé par les propositions de l'auteur, on sera mené doucement sur une route pourtant bien cahoteuse. Bref, quelle histoire.

J'ai toutefois lu ce texte comme je lis des romans. Je n'aurais peut-être pas dû. Peut-être devrait-on lire une pièce de théâtre tout du long, en un seul jet, comme on assiste au spectacle, ce que je n'ai pas fait. Si ça avait été le cas, j'aurais sans doute été aussi imprégné des décors incroyables de Baricco qu'à la lecture de ses romans. Dans cette pièce, où que les décors suggérés sont quand même assez nombreux, j'ai eu l'impression de manquer quelque chose, l'essence, même, de la pièce.

Tiens, par exemple, ce titre vous a inspiré un thème, avouez-le.  À moi aussi. Smith & Wesson, tout de même... Pourtant, à part une mention anecdotique à un certain moment, le nom des deux personnages apparaît comme une coïncidence. Voilà, c'est sans doute ça qui m'a échappé. Je devrais peut-être le relire. À vous de découvrir dans quelle direction Baricco, le tendre, voulait tirer.

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