lundi 24 septembre 2018

L'Archipel du Chien, de Philippe Claudel, éditions Stock

C'est une petite île isolée où la vie est rude et les gens aussi. Dans le petit village, tous se connaissent. Le maire emploie aussi beaucoup de monde, le docteur est son grand ami, et il y a le curé, l'enseignante à la retraite et... le nouvel enseignant, nouvel arrivé avec sa famille. Voilà qu'ils feront une découverte qui risque de changer le cours de l'histoire de leur île paisible. Sans dire exactement de quoi il s'agit, disons que le fait est fortement inspiré d'événements qui touchent les plages de plusieurs pays d'Europe du Sud ces derniers temps.

Ces personnages sont très typés. Comme dans Le rapport de Brodeck, Philippe Claudel utilise des personnages aux traits tout droit tirés d'une bande dessinée. Chez cet auteur, l'identité est très importante, et par le fait même, la différence, qui est le thème de ce livre. Qu'est-ce qu'on fait avec la différence? Qui dérange-t-elle vraiment?

Dans ce qui ressemble un peu à une fable, sous certains aspects, l'auteur oppose deux sociétés: la conservatrice, celle qui préfère que tout reste tel quel, et la progressiste, celle qui participe au monde et à son évolution. À la limite de la caricature, les tenants du premier groupe n'ont pas la part belle, mais quels personnages on a là! De mauvaise foi, hypocrites, fourbes, on leur donnerait difficilement le bon dieu sans confession. Mais derrière tout ça, il y a une misère, un mal de vivre que Claudel nous fait ressentir grâce à ses descriptions efficaces, très imagées. L'autre camp, représenté par l'enseignant et un autre personnage, venu d'ailleurs lui aussi, est aussi décrit dans ses forces et ses faiblesses, ce qui rend ces personnages aussi forts que leurs opposants.

Certains diront que c'est gros. Claudel a en effet un style que je dirais très imagé, théâtral, même, loin de la description d'un lieu ou d'un personnage complètement réel. J'avoue prendre beaucoup de plaisir à le lire, parce ses dialogues ou ses descriptions font parfois sourire et beaucoup réfléchir. Aussi, la fin peut paraître un peu grosse, ce qui peut en laisser certains pantois. Pour ma part, c'est tout à fait en ligne avec la narration de cette histoire qui nous montre combien ce monde a encore bien des croûtes à manger pour prétendre être parfait. Mais si joliment raconté, ça nous dérange un peu moins.

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