J'ai découvert que cet ouvrage s'est mérité le Goncourt en 2011 en préparant ce message. Heureux de constater qu'aucune publicité supplémentaire est venu altérer ma perception du livre avant même de l'avoir lu. Je n'en ai que plus de respect pour son auteur. Il s'agit effectivement d'un grand roman.
Ce livre possède deux voix. L'une est de notre temps. Un homme vit quelque chose comme une crise de la quarantaine et change sa vie, ou à tout le moins abandonne la sienne. Sa nouvelle errance le fera rencontrer la deuxième voix, celle d'un vétéran de quantité de guerres. Ce deuxième homme est à la fin de sa vie. Il aura vécu la 2e guerre, l'Indochine et l'Algérie. Il racontera son histoire. À travers celle-ci, le premier homme, narrateur du livre, racontera, lui son entrée dans sa nouvelle vie.
En fait, ce sont là deux personnages qui nous montrent combien il est facile de se laisser entraîner, pour une raison ou pour une autre, et vivre des événements, des aventures ou de simples situations dont se demande, en bout du compte, si on était vraiment destiné à les vivre. Le destin y est pour beaucoup, et aussi l'Histoire avec un grand H, qui peut nous emmener avec elle pour la faire. À moins qu'il ne s'agisse de son histoire à soi, celle avec un petit h, qui vaut bien, sinon plus, celle avec une majuscule.
Pour en arriver à ces constats, Jenni nous mène à travers les dernières guerres coloniales françaises. Le Nord-Américain que je suis en connaît peu de choses, hormis quelques causeries ou articles glanées ici et là à la radio ou sur le Web. Avec L'art français..., j'ai compris la portée de ces événements tant sur ceux qui les ont subis que sur ceux qui les ont faits. Et ces événements, comme tous ceux qui ont fait, font et feront l'Histoire, sont le fruit de la volonté de bien peu de gens, mais le propre de beaucoup plus d'acteurs qui y ont été entraînés. À leur escient ou pas? Là est la question. A-t-on le choix de changer sa vie? Pour certains comme le narrateur, oui. Pour d'autres, comme l'ancien militaire, on ne sait plus trop. N'empêche que j'aurais maintenant tendance à dire que oui, même le militaire les a choisies, ces vies vécues dans le combat, dans l'attaque. Reste à chacune de ces voix d'assumer ses propres choix. Ça, c'est une autre histoire.
Ce livre nous permet de faire le point sur nos voies, nos choix, notre opinion sur la société dans laquelle on vit. Êtes-vous inclusif ou exclusif? Avez-vous peur des différences ou vous en nourrissez-vous? Aimez-vous, généralement, ou si vous avez plutôt tendance à ne pas aimer?
Il fait bon, parfois, se poser de telles questions, et il est d'autant meilleur de s'y arrêter lorsqu'on le fait à l'aide d'un ouvrage bien écrit. Le lecteur Européen verra peut-être dans L'art français... plus d'un prétexte à réflexion. Pour ma part, j'en ai apprécié l'intelligence.
Un grand roman.
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3 commentaires:
2011 et non pas 2001!
Vous êtes le deuxième en quelques semaines qui me recommandez ce livre. Merci!
Oui, le Goncourt 2011, pas 2001! Merci d'avoir relevé l'erreur!
J'aime les textes qui soulèvent des questions !
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