dimanche 7 août 2011

Insomnie, par Jon Fosse, éditions Circé


Je parle souvent de voyages dans ce blogue, d'endroits visités par l'entremise d'auteurs. Ce sont parfois des mondes, parfois des contrées, des maisons, des têtes. Toutes ces destinations où Jon Fosse m'emmène, je les suis, les explore, les touche, puis j'en reviens dépaysé, étourdi, décalé.

Insomnie ne dure pas longtemps. Le voyage des deux personnages non plus. Ils ont 17 ans, et arrivent "en ville" après avoir quitté leur petit bled. Elle est enceinte, prête à accoucher et ils ne trouvent nulle place pour se loger. L'histoire vous dit quelque-chose? Celle-ci se passe en Norvège, dans une époque non définie, c'est la fin de l'automne et il pleut. En 100 pages ou à peu près, Jon Fosse souffle le chaud et le froid sur tout ça et réussit à trouver des trous dans les nuages les plus épais qui soient. On vit leur grande fatigue, on manque de souffle avec eux, puis on les regarde dormir.

J'ai trouvé encore peu d'équivalents à cette écriture. À ce que d'aucuns pourraient qualifier de poétique, je parlerai plutôt de lenteur, de mots sortis un par un, jour après jour. J'imagine une phrase à l'heure sorties d'images qu'envieraient n'importe quel producteur de cinéma, de réflexions, de contemplation du monde, des gens, du temps. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une écriture aride pour autant et recommanderais Insomnie même à quelqu'un qui lit peu. Si l'histoire peut paraître sombre, les personnages n'en sont pas moins lumineux. Et non, ça ne se passe pas à Oslo. Il s'agit ici d'une ville norvégienne dont je ne veux pas savoir si elle existe, de peur de la ramener sur terre. J'aime les images que je m'en suis faite. Même si Fosse n'est pas bavard, il sait dire les choses essentielles. Ses descriptions tant des gens que des choses sont sans équivoques, précises et rendent belles ce qui n'aurait aucune raison de l'être.

Pour vous dépayser, sortir du mouvement, vous évader ailleurs que là où vous n'êtes peut-être jamais allé et n'irez sans doute jamais. À lire doucement, à l'abri.

2 commentaires:

Alain a dit…

Kessé ça? Du spam sur les blogues maintenant? Eh ben...

Anonyme a dit…

Votre commentaire est excellent. Il est quand même un peu dommage que vous ne citiez pas le traducteur de ce roman de Jon Fosse !
Bien à vous,
Pierre Bosseno