lundi 6 décembre 2010

Le sel, par Jean-Baptiste Del Amo, Éditions Gallimard

Après Une éducation libertine, son premier roman, qui m'avait profondément retourné, j'attendais le prochain Del Amo impatiemment. Le peu que j'en avais entendu ou lu semblait confirmer le talent. J'ai donc entrepris cette chronique familiale sur les chapeaux de roues, si l'on puisse en dire autant pour un lecteur.

Un couple à Sète, en France. Il était pêcheur. Il est mort depuis peu. Sa veuve a invité ses trois enfants à dîner. Le prétexte est bon pour se souvenir. Embarquent les souvenirs de la mère, de l'ainée, du second et du benjamin. Le père était dur, la mère, effacée. Tous vivent bien maintenant, mais en a-t-il été de leur enfance? Chacun en a sur le coeur, évidemment. Qui n'en n'a pas contre ses parents, sa famille? Mais voilà, tout n'a pas été dit. Tout est là, dans les non-dits.

Je crois qu'il est possible de lire un livre dans l'appréhension, avec un regard de travers, et de ressentir cet étrange malaise qu'on éprouve, adolescent, à regarder un film d'horreur. On est fasciné, on veut parfois fermer les yeux pour évacuer une scène et pourtant non, On regarde. Le Sel n'a rien de l'horreur mais tout pour vous faire mal. Cette chronique familiale n'est pas commune par son histoire, mais peut très certainement ramener n'importe quel lecteur à ses démons, soient-ils tout petits ou trop présents. Del Amo joue avec les sentiments comme un menuisier manie le marteau. Ce livre est un long crescendo qui commence de façon presque banale pour se terminer dans ce qu'on pourrait appeler "un silence assourdissant". Stupéfiant.

Dans le style, je ne saurais reprocher à Jean-Baptiste Del Amo le choix d'aucun mot. Bien sur, ses descriptions ont parfois un air très balzacien. La mer, ici, prend toutes les couleurs, tous les sons, toutes les odeurs. Je suis rarement un fervent des descriptions longues, mais ici, elles prennent tout leur sens.

Les trois enfants rendus dans la quarantaine de ce bouquin vous poursuivront longtemps. Et leur mère aussi. Quant à l'autre, je n'en parle même pas. Oubliez tous vos clichés du départ et attendez-vous aux révélations les plus fortes de là où vous vous en attendiez le moins.

Ai-je vraiment besoin de dire que je vous le recommande? Mais attention, déconseillé à qui vit un mauvais coton. Ce livre n'est pas noir, mais il contient suffisamment de couleurs pour déstabiliser qui a perdu ne serait-ce qu'un peu l'équilibre.


Note de fin d'article: à partir de maintenant, je tenterai de mettre aussi une photo de l'auteur, histoire de démocratiser un peu des gens dont on ne connaît trop souvent que les noms. On est dans un univers d'images ou on ne l'est pas... enfin. Merci, internet!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai appris des choses interessantes grace a vous, et vous m'avez aide a resoudre un probleme, merci.

- Daniel