lundi 13 juillet 2009

La trahison de Thomas Spencer, par Philippe Besson, Éditions Julliard


Sachez d'entrée de jeu que j'aime Philippe Besson, que je l'ai toujours aimé et que je l'aimerai encore.

La lecture de Philippe Besson m'a toujours souri. Même si c'est pas drôle, même si c'est souvent triste. J'aime ses personnages tirés de l'ordinaire. On dirait que cet auteur a fait sien le modèle américain du personnage qui pénètre l'écran par la salle, à qui on s'identifie facilement, ou qu'on pourrait confondre avec son voisin. De vies communes, il tire une tare, un souvenir, un attribut qui fera toujours souffrir. Parce que non, les histoires de Besson ne sont pas jojos mais voilà, absolument pas misérabilistes. Elles sont belles comme ces brumes qui les recouvrent souvent, ces coups de chaleur qui immobilisent tout, ces gens qui en viennent toujours à se déchirer quelque-part parce mal soudés, ou trop, c'est selon.

Ici, le titre dit tout et laisse présager de l'issue de l'histoire dès le début. C'aurait pu être frustrant, et pourtant non. Besson amène l'action à travers des traits de caractères connus: des hommes aux allures dures, mais immensément fragiles en dedans. Ne décrit pas qui veut la sensibilité. Ça peut tomber dans le mièvre, la littérature de gare ou le semblant de thérapie. Pas avec Besson. Il vous la décrit comme s'il vous la retirait pour l'étendre là, juste devant vous, en vous faisant constater que même lorsqu'on ne se croit pas sensible aux choses ou aux gens, on l'est quand même, malgré soi.

"La trahison..." n'a pas la force de "Un instant d'abandon" qui restera pour moi une des plus belles histoires de désir que j'aurai jamais lue. N'en reste pas moins qu'il happe aussi efficacement que toute son oeuvre et encore une fois, c'est réussi. C'est écrit simplement, on y respire bien. C'est sans incises interminables, c'est hachuré, et c'est beau.

Dernier petit constat: l'histoire poursuit la trame des années '60, aux États-Unis, en relatant les grands instants tragiques alors vécus. Est-ce moi ou y'a là comme un thème, cette année? On dirait qu'on sort beaucoup les années '60, ces derniers temps. Syndrôme de l'épouvantail? On veut pas que ça arrive encore? Ou alors on en sublime les événements pour les provoquer maintenant, dans notre temps? À vous de vous faire une idée. Quant à moi, les années '60 ne sont pas référentielles, ni elles ni aucune autre du siècle dernier. Du passé, me semble-t-il, restent de belles images, mais pas de beaux exemples à suivre. Enfin, rarement.

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