C'est le dernier d'une trilogie et la fin d'un épisode fabuleux de ma vie de lecteur. Après Au revoir là-haut et le récit épique de personnages sortis de la Grande guerre, de Couleurs de l'incendie et d'autres encore qui vivent la Grande Dépression, Miroir de nos peines aborde la Deuxième guerre mondiale.
On n'est pas tout à fait dans la guerre, en fait elle s'en vient. On est à Paris en 1940. Un personnage tiré d'Au revoir là-haut (les lecteurs des livres précédents fonderont de plaisir en réalisant de qui il s'agit) vit un événement incongru dans sa vie personnelle alors dans son environnement, on parle beaucoup de la possibilité d'une guerre. Pendant ce temps, des soldats s'ennuient dans leur camp militaire de la ligne Maginot alors qu'ailleurs au pays, un mystérieux personnage accumule les boulots de ville en ville, mais aussi des identités différentes à chaque fois.
Encore une fois, Lemaitre crée des personnages forts avec des histoires incroyables dans un décor bien réel. Avec lui, l'époque est le prétexte pour créer des personnages. Toujours dans le désarroi mais jamais dans le misérabilisme, les trois histoires parallèles finiront bien par se rejoindre, chacun non sans avoir traversé des situations incroyables, rocambolesques mais toujours possibles. On ne parle pas de science fiction ici, pas du tout. Je dirais plutôt d'histo-fiction, où l'Histoire est parfois l'ombre, parfois la lumière qui recouvre les personnages.
À travers ses histoires, Lemaire évoque des personnages tirés des deux tomes précédents, et nous fait vivre encore de grandes scènes qui vous tiennent au bout de votre siège et qui vous font réfléchir. Dans Miroir de nos rêves, tout le monde fuit. Soit un parent, soit une erreur commise, soit la guerre. Et par-dessus tout ça, il y a toute la population de la ville qui fuit Paris. Ajoutez à ça l'irrésistible envie d'attacher tous les fils que ce spécialiste du récit épique vous tend, et vous avez... la trilogie la plus incroyable qui soit.
Je n'hésite pas à comparer Pierre Lemaitre à Michel Folco pour l'esprit, l'atmosphère, ou à Jean Echenoz pour l'écriture, son audace, ses dialogues savoureux, ses portraits de personnages tellement attachants, et si souvent tordus.
Enfin, il faut souligner que l'atmosphère dégagé par ce livre: la fin d'un monde, l'inconnu devant nous. C'est, sans contredit, exactement ce que nous sommes en train de traverser. Bref, si vous avez lu les deux premiers Pierre Lemaitre, ne manquez pas celui-là. Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, je recommande de commencer par Au revoir là-haut, mais àa lui seul, Miroir de nos peines vaut tous les voyages que vous ne ferez pas dans les prochains mois.
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