lundi 6 juin 2022

La vérité sur la lumière, par Audur Ava Olafsdottir, éditions Zulma

Ça a toujours été une joie de lire cette autrice islandaise, mais pour la première fois, j'ai été peu touché. Ça devait sans doute arriver, et c'est un peu triste.

Le livre repose sur le personnage principal, une sage-femme islandaise qui se retrouve entourée, par procuration, par la vie passée et les pensées d'une grande-tante, maintenant décédée, qui a exercé la même professions qu'elle. À la mort de la vieille dame, sa descendante, qui habite maintenant son appartement, met la main sur des écrits laissés par son aïeule. Le métier exercé par les deux les emmène à se poser toutes sortes de question sur la vie, pas seulement celle des humains, mais bien de tout ce qui vit.

Plus qu'une histoire, La vérité sur la lumière est un prétexte pour philosopher, se poser des questions et y répondre, constater. C'est en tout cas l'impression que ça donne. Audur Ava s'est fort probablement incarnée dans son personnage pour porter un regard sur le monde.

L'idée d'utiliser une sage-femme est lumineuse pour parler de la vie. Or, cette femme, tout comme son aïeule dont elle suit les pas, n'a pas d'enfant. Elle nous parle peu d'elle, juste assez, et observe avec attention les vies des autres, des couples qu'elle a rencontrés, de membres de son entourage, et bien sur de celle qui lui a légué des réflexions assez disparates, mais inspirantes.

Oui, c'est inspirant, car il y a le ton d'Audur Ava, sympathique, apaisant, avec ses personnages simples, qui vivent des choses simples, et qui ressentent des sentiments qu'on a l'impression d'avoir vécu exactement de la même manièere qu'eux. C'est la force de cette autrice que de créer des personnages qui nous semblent familiers. Cette fois, cependant, un de ces personnages a trop pris de place à mon goût, jusqu'à me taper un peu sur les nerfs. Cette ancienne sage-femme disparue est sympathique elle aussi, mais entre elle et moi, le courant n'a pas passé. Est-ce un certain détachement, une hyperactivité cervicale, je ne sais pas trop en quoi ce personnage m'a exaspéré, mais c'est arrivé.

Pourtant, j'avais tout pour aimer ce livre: le ton, l'autrice, l'environnement, le sujet. Mais lire est, en bonne partie, une question de timing. Que ce soit l'époque de l'année ou de la vie du lecteur, il y a toujours une bonne part de concommitances temporelles qui font qu'un livre nous transporte... ou pas. Je ne crois pas que ce phénomène s'observe à chaque lecture, mais lorsque ça marche pas, on dirait qu'il n'y a rien à faire.

Alors je n'ai pas insisté, j'ai fini de lire La vérité sur la lumière jusqu'à la fin, sans souffrir pour autant, en me disant que le prochain d'Audur Ava sera meilleur que celui-là... pour moi, en tout cas.

Ceci dit, les fans de l'autrice devraient le lire. Il y a de fortes chances que vous l'appréciez plus que moi.