dimanche 21 juillet 2024

Mélasse de fantaisie, par Francis Ouellette, éditions La Mèche

Ceci n'est pas un livre triste, contrairement à ce que plusieurs en ont dit, ce qui d'ailleurs, m'a fait attendre si longtemps avant de le lire. Je redoutais quelque chose de violent et de lugubre. Violent ça l'est, mais comme certaines vies le sont parce que le réflèxe d'auto-défense est à "on" en permanence.

En parallèle aux premières années de sa vie, Francis Ouellette décrit la vie de son quartier, et d'un milieu dont on a peine à s'imaginer qu'il existe encore. Et pourtant oui, de ce côté du monde, il existe encore de ces natifs de vieilles familles qui se sont transmis des guides de survie pour tout héritage. Les personnages décrits par l'auteur vivent dans le strict nécessaire, sans s'imaginer que ça puisse changer. Ces gens n'ont pas appris à s'imaginer autrement que ce qu'ils sont. Alors c'est au plus fort la poche, et pas de pitié pour les faibles, ce qui inclut les enfants.

Ouellette décrit sans filtre un monde vraiment très dur, mais avec une constante qui ressort à quelques endroits dans son récit: mais qu'-est-ce qu'y fait que je reviens ici? Plusieurs fois, il décrit le quartier comme "son" quartier, "son" monde. En fait, ce livre en est un d'identité, où on assiste à un genre de coming out dont on entend peu parler: proclamer son identité sans honte, en l'assumant, quelle qu'elle soit.

C'est ce que j'ai ressenti en lisant le récit de cet auteur qui sait mettre des touches de poésie et de tendresse dans ce que d'aucuns qualifieraient de trash, et qui sait aussi nous décrire des images d'amour tellement crues qu'on se demande si c'est bien ça. Mais oui, on voit bien qui protège qui, et quand, malgré tout ce qui virevolte et tout ce qui se crie. À lire un livre comme ça, on constate que mal aimer, c'est aimer quand même.

Mélasse de fantaisie a soulevé ma révolte, mon indignation, m'a foutu en colère et m'a fait m'attendrir devant des personnages qui se croient faibles mais qui, au bout du compte, sont sans doute cent fois plus fort que moi. C'est écrit avec fougue, beaucoup d'honnetêté et des mots justes que j'espère lire encore dans d'autres titres.

Premier livre réussi!

2 commentaires:

Danielle Delisle a dit…

J'essaie bien de ire "québécois" mais je n'arrive pas toujours à tripper sur nos auteurs. Mais ce livre, c'est un chef d'oeuvre à mes yeux. Il représente tellement bien tout un secteur de notre société, celle qui appartient qu'à nous. Merci de me l'avoir fait connaître Je n'avais pas osé l'attaquer.

Danielle Delisle a dit…

J'essaie bien de ire "québécois" mais je n'arrive pas toujours à tripper sur nos auteurs. Mais ce livre, c'est un chef d'oeuvre à mes yeux. Il représente tellement bien tout un secteur de notre société, celle qui n'appartient qu'à nous. Merci de me l'avoir fait connaître Je n'avais pas osé l'attaquer.