lundi 9 novembre 2020

La faim blanche, par Aki Ollikainen, éditions La Peuplade

Je termine mon second roman finlandais et j'ai le même sentiment qu'à la fin du premier, écrit pourtant par une autrice différente: il me semble être passé à côté. Et pourtant, il y a là beaucoup de choses à apprécier.

En 1867, des régions rurales de la Finlande vivent une famine causée par de mauvaises récoltes et une météo impitoyable. À cause de cette situation, des familles abandonneront leurs habitations pour prendre la route à la recherche de secours, en mendiant chez les plus riches, et en se dirigeant vers les villes. On verra un jeune couple avec deux enfants en bas âge se faire emporter par ce fléau. La mort d'un des membres de la famille entraînera les autres à prendre la route jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un seul des quatre personnages d'origine.

Bien sur, c'est un livre dur, et cette dureté provient d'abord de la nature, du temps. L'hiver est rugueux. L'auteur le décrit sous toutes ses coutures, toujours de très belle façon, mais dans ses traits les plus ténébreux, voir mortels. Puis, à travers le périple de ces nouveaux mendiants, il y aura les rencontres et là aussi, ils vivront certaines cruautés bien que la nature humaine est ici bien moins cruelle que celle dans laquelle elle évolue.

À travers cette histoire, la mort sera partout, tellement qu'elle hantera les rêves des vivants, qui prendront une part importante du roman. En fait, c'est là où j'ai été le plus déstabilisé. On y fait plusieurs passages entre la réalité vécue par les personnages et leurs visions, des images de rêves qu'ils font éveillé sous le coup d'une immense fatigue ou d'autres rêves que de mauvaises nuits de sommeil leur apportent. Ces rêves sont entre la vie et la mort, on le voit bien. Ce sont autant de transitions vers la mort pour quelques uns des personnages qui mourront.


Aux trois quarts du livre, on se retrouve chez un notable de la capitale qui y sera pour quelque chose dans la survie d'un seul des personnages d'origine. Bien portant, comme son entourage, ce notable n'en a pas moins perdu des amis, lui aussi, et il voit bien que le pays souffre. Politicien, il s'opposera à un projet de construction de chemin de fer qu'il verra comme une autre façon de mourir pour les miséreux qui donneront leur vie pour le profit. On se demandera avec lui si c'est bien ce dont ce pays a besoin dans ces circonstances...

Ces deux tableaux, celui de la famille et celui du notable, forment un roman facile à lire, mais avec certaines clés qu'il me reste encore à trouver. J'ai bien senti qu'il s'agissait d'un récit tiré d'une époque tragique qui a vraiment eu lieu, mais peut-être étais-ce trop peu pour que j'en ressente complètement toute la tragédie. Un Finlandais partira sans doute avec une longueur d'avance puisqu'il s'agit d'une époque qui a marqué ce territoire. Le lecteur étranger que je suis trouve qu'il a manqué de contexte. 

N'en demeure pas moins qu'on a là une ambiance rare par sa dureté silencieuse, où la famine devient aussi meurtrière et sordide qu'une guerre, et où l'hiver, sans vivres, se transforme en bourreau. Les amateurs de romans du Nord y trouveront leur compte.



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