Une richissime veuve de l'Upper East Side apprend que sa fortune est réduite à néant. Avec son fils dans la trentaine, qui vit avec elle depuis toujours, elle prend la direction de Paris où une amie new-yorkaise lui prête son pied-à-terre en sol français. À ces gens pas banals arrivera une suite de choses pas banales et des rencontres avec des gens pas banals. Et pourtant...
... Frances et son fils Malcolm sont l'incarnation humaine du blasé, de l'ennui, du stoïcisme. Riches, snobs à la puissance mille, rien ni personne ne les intimides ni ne les intéresse. Bien sur, la dame a beaucoup vécu, et c'est beaucoup grâce à son défunt mari, un avocat puissant, honni et plus désagréable que tout ce qui puisse exister. Quant à son fils, il a bien une amoureuse, aussi peu impressionnable et vaporeuse que lui, mais entre elle et sa mère, le choix s'impose par lui-même pour la poursuite de ses jours: c'est sa mère qui l'emporte. Mais voilà, jusqu'où cette dernière emmènera-t-elle son fils dans ce qui ressemble à un grand saut dans la déchéance?
Du quotidien new-yorkais jusqu'au séjour parisien en passant par le voyage en bateau, les tribulations de ces personnages hors normes ne cessent d'épater. Patrick deWitt écrit ce qui ressemble à de la bande dessinée. Ses personnages sont gros, typés. Dessinés, leurs couleurs seraient criardes, sur scène, on croirait probablement à du vaudeville trash. On éclate de rire régulièrement, et certains dialogues sont particulièrement savoureux, voir même jubilatoires.
Pour ce troisième livre de l'auteur que j'ai aimé dès les Frères Sisters, puis pour Le sous-majordome, on tombe, pour une petite partie du livre, dans le surnaturel. Moi qui ne suis pas porté sur la science fiction et encore moins sur le fantasy, laissez-moi vous dire qu'ici, les quelques scènes prétextes à ces incartades sont parmi les meilleures. Une discussion entre la veuve et son défunt mari est tout simplement fulgurante.
Éclaté, mais pas choquant, ce French Exit en ravira plusieurs. deWitt est en train de développer un style qui lui est propre. Si le propos est léger, l'action est abondante mais surtout, une fois encore, la richesse de ses personnages puise tant dans l'univers des sitcoms que des bandes dessinées. Par moments, j'ai même pensé à du Brett Easton ellis, mais sans l'horreur, tellement certaines scènes sont frappantes et tranchées.
D'un livre de Patrick deWill, on sort diverti. Différent de mes auteurs anglo-saxons préférés, je ne m'en lasse pas. Au moment de la publication de cet article, French Exit n'est pas encore traduit en français.
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1 commentaire:
J'adore Patrick deWitt. J'espère qu'il continuera d'écrire abondamment. Il a une signature unique.
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