samedi 9 avril 2022

Histoire du silence, de la renaissance à nos jours, par Alain Corbin, éditions Albin Michel

C'est une entrevue avec Alain Corbin qui m'a donné envie de le lire. L'homme est excellent communicateur, érudit, mais accessible, hyper intéressant, sympathique. De l'imposant corpus dont il est l'auteur, j'ai choisi ce titre pour son sujet. L'idée d'utiliser le silence comme prétexte à un essai historique sur la société me plaisait.

En bon historien, Corbin traverse les âges en référant à quantité d'auteurs qui ont émis une opinion, ou, plus souvent encore, une description du silence, et c'est à travers ces auteurs qu'on se fait une idée de la perception de leur époque de ce que représentait le silence. Lourd, méditatif, sage, refuge, le slience a plusieurs connotations et il est intéressant de découvrir toutes les utilisations qu'on puisse en faire, ou de constater comment il peut être perçu.

Interessant, ce l'est, mais le format de cet essai historique m'a déstabilisé. Chaque chapitre aborde le sujet d'un angle différent par un long texte suivi, sans intertitre, sans sous-thèmes, rien. Ma foi , c'est un peu lourd. J'aurais espéré quelques intertitres, quelques paragraphes supplémentaires. On lit ces chapitres comme on écoute une logorrhée. L'éditeur, ici, aurait pi intervenir.

Si certains chapitres coulent de source, d'autres nous font travailler un peu. L'auteur connaît sa matière mais surtout, ses auteurs. C'est fou la quantité de gens qui sont cités. Or, si certaines citations vous enchantent, d'autres vous pèsent un peu. C'est ainsi que plusieurs références religieuses, et on parle ici de la religion catholique, m'ont semblé un peu tendancieuses. Bien sur, la religion a joué un grand rôle dans l'avancée des idées et des textes. Lorsqu'on parle de silence, on pense inévitablement à la méditation, à la contemplation. Mais voilà, si on parle de "la Renaissance jusqu'à nos jours", c'est qu'il ne s'agit que de l'Occident seulement, dont il est question en majeure partie.

Bien sur, tout ça est pertinent, savant, touffu. Mais nous sommes à une ère où les références sont multiples. Il aurait fallu préciser dans le titre le territoire choisi par l'auteur. La France, l'Europe, l'Occident, oui, mais pas seulement. J'aurait voulu autre chose venu d'ailleurs, et, habitué aux métissages de cultures, j'en ressort un peu déçu.

Mais le silence, chez Proust, Huysmans, Maeterlink, dans les tableaux de Delacroix ou de Berthe Morissot, oui, certainement, c'est intéressant. Belle interlude entre deux fictions, donc, mais mais pas d'épiphanie.

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