dimanche 17 avril 2022

Mononk Jules, par Jocelyn Sioui, éditions Hannenorak

L'auteur raconte la vie de son grand-oncle, un activiste autochtone dont la vie publique s'est surtout déroulée des années 40 aux années 60. Original, percutant, rassembleur, contesté mais inconnu, l'homme a été un "personnage". La découverte de sa vie en archives s'est avérée une mine d'or pour Jocelyn, le petit-neveu créatif et inspiré de Jules Sioui. Outre le personnage, ce portrait nous révèle une époque, mais surtout un pan trop méconnu de l'histoire des premières nations canadiennes. Récit, essai, documentaire: on peut classer Mononk Jules partout. On en ressort fasciné, fort de nouvelles connaissances mais aussi, et surtout, abasourdi par une finale qu'on n'avait pas vue venir qui est amenée très habilement par Jocelyn Sioui.

Pourtant, réaliser un tel portrait ne devait pas paraître évident. Sans avoir travaillé dans l'ombre, Jules a fait en sorte que ses actions soient vite oubliées, même si, de son vivant, elles ont eu une portée importante.

On constate rapidement qu'à travers les initiatives politiques eet sociales menées par Jules, Jocelyn a découvert un peuple, enfin..., DES peuples, leur situation, mais aussi, et surtout, leur silence. Ce qu'on découvre, si l'on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire des premières nations de ce pays, c'est le silence, voir l'indifférence dans lesquels ils sont tombés dans les dernières années. Avec Mononk Jules, Jocelyn Sioui explique très efficacement comment est venu ce slience et comment on l'a entretenu. Jules a brassé la cabane et les moyens utilisés pour le faire taire valent à eux seuls le livre. On en apprend beaucoup sur les rapports dominant/dominés qui ont façonné cette partie du monde.
Jocelyn Sioui écrit sur un ton sympathique. D'entrée de jeu, il nous avertit qu'il en est à ses premières armes dans l'écriture d'un tel ouvrage, ce qui a pour effet de nous faire embarquer avec lui dans sa recherche. On le suit, on l'encourage. Certains passages demandent un peu plus de concentration, puisque les textes cités sont d'époque, et la langue, comme les mentalités, a changé. Mais ils nous ramène habilement au repos avec plusieurs photos tirées de ses archives personnelles et de celles de son personnage, en plus d'illustrations tout aussi sympathiques que ses mots à lui.

Pas besoin de se chercher une fibre de défenseur des peuples opprimés pour apprécier Mononk Jules. Pour qui aime les portraits historiques, il y a là une belle occasion de découvrir des pans cachés de l'histoire du Canada, ce qui, inévitablement, ajoute à nos connaissances d'un pays dont l'histoire est beaucoup plus trouble qu'on pourrait le penser.

Une autre belle découverte proposée par les éditions Hannenorak qui m'emmènent de surprise en surprise. Cette maison d'Édition est un bel ajout dans l'univers culturel des lecteurs francophones.

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