Première scène: un champ de bataille de la guerre de sécession américaine. Un curieux personnage au nom vaguement francophone s'y retrouve. Puis on se transporte au Tennessee dans les années 80. Avec l'histoire d'une petite famille dont le père est natif de la Gaspésie. Après, on est à Québec au temps où la colonie était menacée par les révolutionnaires américains. Plus loin on retournera aux USA au temps de la Prohibition, puis à Montréal aux détours du 19e et du 20e siècle, puis au Tennessee presqu'à notre époque, puis à Québec, etc.
Le fil: une lignée. La particularité, un seul personnage traverse à peu près toutes les époques, soit un peu plus de 200 ans. Il ne s'agit pas d'un vampire ni d'un miracle de la science. Le stratagème est audacieux. Maintenant, parle-t-on de science-fiction? De fantasy? Qu'importe le genre, on est bel et bien dans un roman québécois, et on va de surprise en surprise.
Grenier y va fort dans l'audace avec ce livre qui relate des moments forts de l'histoire de ce continent. Livre d'histoires plutôt que de l'Histoire avec un grand H, L'année la plus longue nous parle de la durée, de la nôtre, des souvenirs, des peuples, des inventions. On ratisse large, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est certainement une des histoires les plus originales que j'aie lues en roman québécois jusqu'ici. Je ne sais toutefois pas si c'est la raison pour laquelle je me suis senti perdu. Un peu comme les épisodes multiples du livre, j'ai décroché, attendu, puis raccroché. Puis j'ai re-décroché plus loin, remis le livre de côté, et l'ai poursuivi malgré tout. Il s'en est fallu de peu pour que je décide de ne pas le terminer. Je ne m'ennuyais pas, l'écriture m'allait, mais quelque chose faisait que je ne m'impliquais pas dans la lecture de ce livre. Mais je voulais l'aimer...
Il faut dire que j'ai surtout accroché sur l'histoire du dernier de la lignée, celui qui vit au Tennessee, dans une famille dont l'histoire fascine, tant la récente que l'ancienne, mais qui sera décimée par des événements que l'auteur décrit de belle façon. Daniel Grenier décrit particulièrement bien les sentiments humains, et c'est dans cette partie du livre où j'ai eu envie de prendre le personnage par la main et de l'aider, de le sauver. Ça n'est malheureusement pas arrivé pour l'autre, ce personnage qui flotte partout sur l'Histoire. Peut-être qu'un personnage ayant beaucoup vécu, mais alors là vraiment beaucoup vécu, ayant accumulé beaucoup d'histoires et de souvenirs devient, à force, un peu lourd... C'est en tout cas ce que j'ai ressenti à l'égard dudit personnage.
Il fallait pourtant le faire: traverser des moments charnières de l'histoire de l'Amérique du Nord avec un seul personnage et terminer tout ça en 2047 sur une note de science-fiction. Peut-être est-ce ce mélange de genre qui m'a déstabilisé. Pourtant, je lis exactement pour ça: être déstabilisé. Pourtant, Grenier a dû faire des heures de recherche pour arriver à ce livre. Pourtant, son recueil de nouvelles "Malgré tout on rit aussi à SaInt-Henri" m'avait énormément plu. Reste qu'il me manquait ici quelque chose, un liant, une émotion, je sais pas trop quoi, mais il m'a manqué quelque chose.
Mais L'année la plus longue reste à lire. Je crains que ce sentiment ne soit que tout personnel. Il y a quelque chose là qui a été écrit, tenté, réalisé, quelque chose dont je suis probablement passé à côté.
Si vous l'avez lu, n'hésitez pas à m'en parler. Le livre mérite certainement de soulever des débats.
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